(Ottawa) Le gouvernement fédéral présentera des excuses aux membres actuels et anciens des Forces armées canadiennes qui ont été victimes d’agression sexuelle ou d’inconduite sexuelle.

La ministre de la Défense, Anita Anand, et le nouveau chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, et la sous-ministre de la Défense, Jody Thomas, ont annoncé cette mesure dans une déclaration commune lundi.

« Les agressions sexuelles, le harcèlement sexuel et la discrimination fondée sur le sexe, le genre, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle n’ont absolument aucune place au sein de notre organisation. Nous savons que notre échec collectif à bâtir une culture inclusive et exempte de ces comportements inacceptables en milieu de travail a fait du tort à notre personnel », peut-on lire dans la déclaration.

« Dans le cadre de nos efforts pour rétablir les relations avec les personnes ayant subi un préjudice, nous présenterons des excuses publiques à tous les membres actuels et anciens de l’Équipe de la Défense qui ont été affectés par des actes d’agression sexuelle ou d’inconduite sexuelle, y compris le harcèlement et la discrimination », ajoute-t-on dans la déclaration.

Trois séries d’excuses

La ministre Anand présentera des excuses au nom du gouvernement du Canada tandis que le général Wayne Eyre en fera autant au nom des Forces armées canadiennes. Pour sa part, la sous-ministre Jody Thomas présentera des excuses au nom du ministère de la Défense nationale.

Pandémie oblige, ces excuses seront présentées virtuellement le 13 décembre, à 13 h, et seront diffusées en direct sur la page Facebook des Forces armées canadiennes. L’évènement sera aussi enregistré et accessible sur YouTube pour les personnes qui ne peuvent le regarder en direct ou qui préfèrent le regarder ultérieurement.

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« Tous les membres de l’Équipe de Défense doivent être traités de façon équitable dans un milieu de travail où ils se sentent en sécurité et à l’abri de toute forme de harcèlement et de discrimination. Nous savons qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour créer un changement de culture positif et durable, et nous continuerons à écouter les personnes affectées et à apprendre d’elles, afin de garantir que nous prenons les mesures nécessaires pour réaliser ce changement. »

Il s’agit de la deuxième décision d’importance prise par la ministre Anand depuis son arrivée à la tête du ministère de la Défense, le 26 octobre, relativement à la crise qui secoue les Forces armées canadiennes dans la foulée des allégations d’inconduite sexuelle visant plusieurs officiers de haut rang.

Une semaine environ après sa nomination, Mme Anand a en effet annoncé qu’elle avait accepté « dans leur intégralité » les recommandations de l’ancienne juge de la Cour suprême du Canada Louise Arbour visant à « transférer les enquêtes et les poursuites relatives aux cas d’inconduite sexuelle au système civil ». Ces enquêtes étaient jusqu’ici traitées par le système de justice militaire, jugé inadéquat par les victimes parce qu’il était redevable à la chaîne de commandement.

PHOTO LARS HAGBERG, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Anita Anand, ministre de la Défense

Rappelons qu’en avril dernier, alors que des allégations d’inconduite étaient venues éclabousser l’ancien chef d’état-major Jonathan Vance, Ottawa avait chargé Louise Arbour de réaliser un examen indépendant de la façon dont l’armée traite les plaintes d’inconduite sexuelle. Depuis lors, d’autres officiers de haut rang ont été éclaboussés par des allégations du même genre.

Le mandat confié à Mme Arbour a été perçu comme une façon pour le gouvernement de se défiler. D’autant plus qu’une autre juge à la retraite du même tribunal, Marie Deschamps, a décrit en long et en large l’ampleur du phénomène dans un rapport accablant déposé en 2015, et un autre ex-magistrat, Morris Fish, a finalisé son rapport sur le système de justice militaire (le troisième depuis 2003). Le document a été déposé en juin dernier.

Dans une entrevue accordée à La Presse récemment, la ministre Anand avait lancé un avertissement à l’intention des Forces armées canadiennes : la récréation est terminée.

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« Ma priorité absolue est de faire en sorte que tous les membres des Forces armées se sentent en sécurité et protégés, qu’ils disposent du soutien dont ils ont besoin quand ils en ont besoin, et qu’il y ait des structures en place pour que justice soit rendue », a soutenu la ministre de la Défense, deuxième femme à occuper ce poste dans l’histoire du Canada après Kim Campbell, en 1993.