(Québec) L’ombre de la députée Marie Montpetit, qui a été récemment expulsée des rangs libéraux pour des allégations de harcèlement psychologique, plane au congrès des membres alors que le père de celle-ci – un militant de longue date – est présent. Son ex-collègue, Christine St-Pierre, a même souhaité le retour de Mme Montpetit si elle réhabilite.

Le père de Marie Montpetit, Marc Montpetit, participe au congrès des membres du PLQ qui se tient tout le week-end à Québec. Il ne digère pas le traitement que la cheffe Dominique Anglade a réservé à sa fille en l’expulsant du caucus libéral au début du mois pour des allégations de harcèlement psychologique.

« On condamne, on sanctionne et on passe à autre chose, on n’a pas le temps de faire des enquêtes, on n’a pas de temps à perdre. C’est quand même une drôle de façon de faire. Il n’y a aucune plainte qui a été déposée [à l’Assemblée nationale] », a-t-il critiqué, samedi. « J’en ai vu des crises au Parti libéral depuis 40 ans, mais vous, vous n’en avez jamais entendu parler, on réglait ça à l’interne. C’est comme ça que ça se fait chez les libéraux », a ajouté M. Montpetit, président de l’association libérale de Soulanges.

Le militant de longue date entend démissionner de tous les postes qu’il occupe au sein de la formation politique ce dimanche, à la fin de la rencontre des membres. Il n’a pas l’intention cependant de déchirer la carte du parti parce qu’il veut se garder le droit « de voter si jamais il y a une course au leadership ». Il n’est pas tendre à l’endroit de la nouvelle cheffe – à qui il avait donné son appui au printemps 2020 : « Je constate que les électeurs pour toutes sortes de raisons que je n’ai pas à commenter ne l’écoutent pas ».

Dominique Anglade s’est dite prête à rencontrer M. Montpetit s’il en manifeste l’intérêt. « Je comprends [sa] réaction, je suis mère de trois enfants et je pense que la réaction qu’on a vue, c’est la réaction d’un père de famille par rapport à sa fille et je la comprends. Mais, moi comme cheffe de ma formation politique, il y a des décisions qui sont à prendre et j’ai pris la décision qui s’imposait. »

« Elle est capable de se réinventer », dit St-Pierre

Certains élus libéraux n’ont pas souhaité s’aventurer sur les propos tenus par Marc Montpetit ni sur l’expulsion de la députée de Maurice-Richard. La députée Christine St-Pierre n’a pas, pour sa part, hésité à parler de Marie Montpetit comme une « fille très intelligente » qui saura « se sortir de cette tempête-là ».

« Maintenant, elle a un travail à faire sur elle-même. Il y a des personnalités québécoises qui ont déboulé et qu’on a vu remonter, qui ont pu se réinventer. Je pense que Marie est capable de se réinventer. » Souhaite-t-elle sont retour chez les libéraux ? « S’il y a un cheminement qui est fait, oui », a-t-elle lancé.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Christine St-Pierre

Sa cheffe n’avait pas tout à fait la même lecture. « Je ne peux pas prédire l’avenir, mais avec les informations que j’ai aujourd’hui et celles que j’avais, la seule décision qui s’imposait c’est celle que j’ai prise », a-t-elle répété refusant de se prononcer sur un possible retour de Mme Montpetit au sein du caucus si elle se réhabilite. Elle a néanmoins admis qu’elle croyait « dans la vie en général, à la réhabilitation ».

Dans la foulée des révélations ayant mené à son expulsion, Dominique Anglade avait affirmé que Marie Montpetit est exclue du caucus pour de bon, peu importe les résultats d’une future enquête. « Avec la quantité d’informations que j’ai aujourd’hui, avec les faits qui m’ont été présentés, je ne vois pas de quelle manière [une réintégration au caucus] se produirait », avait-elle expliqué à l’Assemblée nationale.

La Presse a révélé au début du mois que Mme Anglade avait reçu une plainte écrite de harcèlement psychologique visant Mme Montpetit, en plus d’avoir été mise au courant d’allégations de même nature à son sujet. La Presse a également recueilli les témoignages de quatre personnes alléguant que Marie Montpetit les a harcelées psychologiquement.

Il s’agit d’employés politiques qui ont travaillé avec elle dans l’opposition, mais aussi au moment où elle était ministre de la Culture et des Communications à la fin du mandat du gouvernement Couillard.

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