Écorché par le quotidien français Le Figaro, le premier ministre Philippe Couillard a déploré, vendredi, la distorsion de ses propos concernant la prise en charge de sa délégation lors d'un séjour prévu la semaine prochaine à Paris.

M. Couillard a constaté que dans sa livraison de vendredi, le journal parisien Le Figaro a repris une manchette publiée au Québec cette semaine, «Voyage royal aux frais des Français».

«Franchement, c'est assez déplorable, a-t-il dit. Je comprends qu'on a repris tout simplement un article de notre presse locale qui était assez partiel. Je ne dirai pas partial, je ne veux pas me mettre sur de mauvaises traces.»

Le bref compte-rendu reprend les propos de M. Couillard qui, pour justifier la présence exceptionnelle de six membres du gouvernement à Paris la semaine prochaine, a plaidé que leurs frais d'hébergement et de transport local étaient pris en charge par l'État français.

Lors d'un point de presse, mercredi matin dans un corridor de l'Assemblée nationale, M. Couillard avait lui-même avancé cette explication en répondant aux journalistes.

«C'est la partie qui reçoit qui paie les dépenses d'hébergement et de transport terrestre de la partie qui visite, de sorte que ces dépenses de la délégation québécoise sont prises en charge par la France», avait-il dit.

Le premier ministre répondait ainsi à des critiques de l'opposition, pour qui l'ampleur de ce déplacement est inapproprié dans le contexte d'austérité budgétaire actuel.

Après une cérémonie confirmant un remaniement de son conseil des ministres, vendredi, M. Couillard s'est plaint que ce soit cet aspect de ses propos qui ait retenu l'attention de la presse québécoise, pour se répercuter ensuite dans le quotidien français.

«On a pris de tout ce que j'ai dit sur cette importante visite à peu près deux ou trois pour cent du contenu pour en faire le sujet principal de discussion», a-t-il dit.

Dans sa brève, Le Figaro affirme qu'avec ses propos, M. Couillard humilie une nouvelle fois le gouvernement français après avoir récemment décidé de hausser les frais de scolarité universitaires des étudiants français en sol québécois.

«Après avoir humilié le gouvernement français en triplant les droits des étudiants français au Québec, contre toute attente, Philippe Couillard en rajoute en invitant pour son séjour, du jamais-vu, six de ses ministres et leurs nombreux assistants», écrit le quotidien.

Aux journalistes qui l'interrogeaient sur la possibilité que ses propos soient mal reçus par ses homologues, M. Couillard s'est montré confiant qu'ils savent faire la part des choses.

«Je pense que les Français, comme nous, vont bien au-delà de ça, a-t-il dit. J'ai rencontré le président Hollande lors de sa visite, on a eu d'excellentes conversations.»

Selon M. Couillard, c'est à la demande de la France qu'il a décidé de se déplacer avec une délégation de cinq ministres, dont ceux chargés de la stratégie maritime, des changements climatiques et du développement économique. Une sixième sera également de passage à Paris immédiatement après la mission dirigée par M. Couillard.

«La principale explication, c'est le rôle central de la relation entre la France et le Québec, c'est de ça dont j'ai parlé dans 97 pour cent de mon intervention ce jour-là», a-t-il dit.

La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, la ministre de la Culture, Hélène David, le ministre délégué à l'Implantation de la stratégie maritime, Jean D'Amour, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, et la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, seront du voyage. Mme Thériault fera un passage différé de quelques jours.

Dès septembre 2015, les Français intéressés à étudier au Québec verront leurs droits de scolarité pratiquement tripler, passant de 2300 $ à 6650 $, soit l'équivalent de ce qui est exigé d'étudiants provenant d'autres provinces canadiennes et la moitié de ce que paient les étudiants en provenance d'autres pays, qui doivent débourser entre 12 725 $ et 15 725 $.

M. Couillard a insisté vendredi que le dossier des frais de scolarité avait été «mis sur la table de façon cavalière et unilatérale» par le précédent gouvernement péquiste dans son dernier budget.

«Je pense qu'on a trouvé une solution équitable pour tout le monde, a-t-il dit. Les étudiants français demeurent de loin favorisés par rapport aux autres étudiants internationaux.»

La ministre des Relations internationales Christine St-Pierre a fait valoir que la règle des visites alternées faisait en sorte que l'hôte accueillait les visiteurs.

«Ce que le premier ministre a voulu dire, c'est que dans les visites alternées, lorsque les Français viennent ici, nous assumons les frais de leur hôtel et transport terrestre», a-t-elle dit.

Mme Saint-Pierre a accusé les péquistes, vendredi, d'avoir effectué 18 déplacements en France durant les 18 mois de leur gouvernement minoritaire.

«Il y avait un péquiste toutes les trois semaine en France», a-t-elle dit.

L'aile parlementaire péquiste a soutenu vendredi que le précédent gouvernement avait fait 13 missions en France et non 18.