Grand bâtisseur du secteur de l'alimentation au Québec, Antoine Turmel, l'un des pères de Provigo, s'est éteint le 6 décembre, à l'âge de 94 ans.

L'homme d'affaires originaire de Thetford Mines a bâti son succès à la sueur de son front. «Mon père était un enfant de la crise, raconte l'un de ses fils, André. Il a été contraint de quitter l'école à 14 ans après la faillite de mon grand-père. Peu après, il a obtenu un emploi dans une bijouterie. Il remettait la quasi-totalité de son salaire à ses parents.» Il a ensuite décroché un travail dans le domaine de l'alimentation tout en suivant des cours par correspondance en comptabilité.

Au début des années 40, il a acquis une entreprise de fabrication de jouets en bois. Ceux-ci étaient prisés, car le métal était réservé pour la guerre. «Vers la fin du conflit mondial, ils ont été détrônés par les jouets métalliques. Mon père a fait faillite, explique son fils. Il a appris une leçon: il ne voulait plus d'un commerce dépendant de conjonctures sur lesquelles il n'avait aucune prise.»

Il s'est donc lancé dans l'alimentation, en se disant que les gens auraient besoin de manger, quoi qu'il arrive. En 1946, il a acquis Denault limitée, un grossiste de Sherbrooke. Il avait seulement quatre employés et le chiffre d'affaires s'élevait à 200 000 $. Mais l'entreprise a grandi rapidement, jusqu'à regrouper une soixantaine de détaillants.

En 1969, elle a fusionné avec deux autres entreprises pour former Provigo. «Denault était la plus petite, mais la plus rentable des trois, précise André Turmel. Les banquiers ont insisté pour que mon père prenne la tête de la nouvelle entreprise. C'est ce qu'il a fait jusqu'à sa retraite, en 1985.» Pierre Dandoy, viceprésident principal exploitation Provigo et Loblaws Québec, décrit M. Turmel comme « l'un des grands entrepreneurs du Québec et un modèle inspirant pour plusieurs générat ions de Québécois. »

Le secret du succès d'Antoine Turmel résidait dans sa capacité à bien s'entourer, selon son fils. «Il n'hésitait pas à embaucher des gens plus compétents que lui», note-t-il.

Au cours de sa carrière, l'entrepreneur a reçu plus ieurs honneurs. Il est devenu docteur honoris causa de l'Université de Sherbrooke en 1970, a reçu l'Ordre du Canada en 1982 et a été fait compagnon du Business Hall of Fame en 1986.

Durant les années 2000, des querelles juridiques au sujet de la gestion de sa fortune et de la fondation à son nom ont opposé les membres de la famille. Elles ont été réglées à l'amiable.

Les funérailles d'Antoine Turmel ont été célébrées jeudi en l'église Saint-Viateur d'Outremont.