Alors qu'il plaide pour l'électrification des transports, le maire de Montréal Denis Coderre ne possède pas de voiture électrique, mais plutôt deux véhicules utilitaires sport (VUS) à essence.

Au cours des derniers mois, le maire Coderre a fait valoir que l'objectif du ePrix de Montréal de Formule électrique, organisé au coût d'au moins 16 millions cette année, est de « faire la promotion des voitures [...] électriques » et de « démontrer à quel point Montréal est un leader en matière d'électrification » des transports. La Ville de Montréal dépensera au moins 16,5 millions pour organiser l'ePrix cette année.

Or, selon les registres gouvernementaux publics, le maire est plutôt propriétaire de deux véhicules utilitaires sport (VUS) à essence. À la Ville de Montréal, la voiture de fonction du maire n'est pas non plus une voiture électrique, selon nos informations. M. Coderre a acheté son dernier VUS alors qu'il était maire de Montréal. Les registres gouvernementaux publics comprennent les biens mobiliers (par exemple une automobile) donnés en garantie ou étant l'objet d'une dette (par exemple un prêt automobile).

Rencontré brièvement par La Presse après un point de presse hier, le maire de Montréal n'a pas voulu dire s'il possédait un véhicule électrique ou si sa voiture de fonction à la Ville de Montréal fonctionnait à l'électricité.

« Tu veux être personnel, [...] maintenant, tu veux être personnel ? Tu veux faire personnel ? Pour des raisons de sécurité, je ne dis pas ce que je fais [...]. Je vais lire ton article », a lancé M. Coderre.

Des «véhicules énergivores», selon Équiterre

Les deux véhicules personnels du maire Coderre ont respectivement une consommation moyenne d'environ 10 litres par 100 km et d'environ 13 litres par 100 km, selon les chiffres du ministère fédéral des Ressources naturelles. Ces chiffres officiels donnés par les constructeurs et compilés par le gouvernement fédéral sont toutefois souvent sous-estimés, selon l'Association pour la protection des automobilistes (APA). « Nous voyons des écarts entre les chiffres officiels et la consommation réelle. Les écarts peuvent aller jusqu'à 30 % [de plus] pour certains modèles », dit George Iny, directeur de l'APA.

Selon Équiterre, les deux VUS de M. Coderre sont « des véhicules énergivores ». « Les VUS sont une catégorie énergivore à cause de leur poids. On peut s'interroger sur la nécessité de posséder un VUS pour une conduite urbaine. Il y a plein d'autres options dans les véhicules compacts et familiaux plus efficaces [sur le plan de la consommation d'essence]. Ce n'est vraiment pas écoénergétique. On a aussi beaucoup d'options dans les véhicules hybrides et électriques », indique Annie Bérubé, directrice des relations gouvernementales chez Équiterre, un organisme environnemental.

De son côté, la chef de l'opposition à la Ville de Montréal, Valérie Plante, n'a pas d'automobile depuis 20 ans. Elle est membre du service de partage de véhicules Communauto depuis 20 ans, selon une porte-parole de Projet Montréal.

70 véhicules électriques à la Ville

La Ville de Montréal possède actuellement 70 voitures électriques sur un parc automobile d'environ 6000 véhicules. Elle prévoit remplacer environ 230 véhicules à essence par des véhicules électriques d'ici la fin de l'année 2018. « Les politiques d'électrification des transports et du matériel roulant prennent en compte la durée de vie restante des véhicules actuels pour leur remplacement. L'objectif premier recherché par la Ville de Montréal est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Ville voulant réduire d'ici 2020 de 30 % ses émissions par rapport à celles de 1990. La vision générale est de positionner Montréal comme chef de file dans le domaine de l'électrification des transports, tant au niveau économique qu'environnemental », a indiqué par écrit la directrice des communications du maire Coderre, Catherine Maurice.