Montréal pourrait interdire l'utilisation des foyers et poêles polluants dès octobre 2016, plutôt qu'à la fin de 2020, comme prévu. À l'issue d'une consultation publique, un groupe d'élus recommande de devancer de quatre ans l'application d'un tel règlement afin d'améliorer la qualité de l'air de la métropole le plus rapidement possible.

La Commission sur l'eau et l'environnement de Montréal a étudié cet hiver le nouveau règlement sur les foyers et les poêles au bois devant remplacer celui adopté en 2009. Estimant que les règles actuellement en vigueur ont échoué à réduire le nombre d'appareils polluants utilisés, le groupe d'élus présidé par la conseillère Elsie Lefebvre propose de réduire les échéanciers dans la nouvelle mouture du règlement pour faire cesser l'utilisation des vieux foyers et poêles le plus rapidement possible.

Ainsi, au lieu de donner un peu plus de cinq ans aux Montréalais pour arrêter de se servir de leur vieil appareil, les élus invitent Montréal à leur accorder seulement un an et demi, soit jusqu'en octobre 2016. Soulignons que, alors que l'ancien règlement prévoyait la disparition complète des foyers au bois, la nouvelle mouture autorisera l'utilisation des appareils de nouvelle génération dont les émissions respectent les plus récentes normes. Reste que durant les épisodes de smog, leur utilisation sera complètement interdite.

«Ce n'est pas percutant, mais le chauffage au bois tue», souligne le conseiller municipal Domenic Perri.

Ces recommandations pour accélérer la disparition des foyers polluants promettent de faire grand bruit, plus de 50 000 propriétaires de Montréal possédant un foyer ou un poêle, selon les évaluations municipales. D'ailleurs, l'adoption du rapport déposé hier soir a été retardée de près de deux mois pour mener des vérifications auprès du contentieux de la Ville.

En définitive, il reviendra à l'administration Coderre d'entériner ou pas les recommandations de la Commission. Le responsable de l'environnement, Réal Ménard, a salué le travail fait par ses collègues et indiqué qu'il comptait répondre aux recommandations d'ici 30 jours.

L'industrie inquiète

L'Association des professionnels du chauffage, qui représente l'industrie, s'est montrée satisfaite des changements qui permettent à nouveau l'installation des foyers à bois, interdit depuis 2009. On s'inquiète toutefois des courts délais pour le remplacement, l'industrie estimant que de 4000 à 5000 appareils peuvent être changés par année. À ce rythme, il faudrait au moins 10 ans pour remplacer tous les foyers interdits d'utilisation.

«S'il faut remplacer 50 000 appareils en un an et demi, j'ai peur qu'il y ait de faux entrepreneurs qui en profitent», a commenté Stéphane Bouffard, d'ABC Ramonage. «Attention, on joue avec le feu, ce n'est pas n'importe qui qui peut faire l'installation», a ajouté Chantal Demers, directrice générale de l'APC.

Le règlement s'appliquera uniquement sur le territoire de la Ville de Montréal. De nombreux foyers se trouvant dans les autres villes de l'île, les élus recommandent de convaincre la Communauté métropolitaine de Montréal, que préside le maire Denis Coderre, de modifier son propre règlement sur la qualité de l'air.

À noter que même s'ils émettent passablement de particules fines, les fours à bois des pizzérias et fabriques de bagels ne sont pas touchés par le présent règlement.

Montréal veut se débarrasser des foyers et poêles au bois polluants pour réduire les émissions de particules fines, celles-ci entraînant des troubles respiratoires. Les appareils de chauffage à combustion solide sont la deuxième source d'émissions de ces polluants, tout juste après les transports.

Une fois le dossier des foyers réglé, ce même groupe d'élus doit se pencher sur le bannissement des sacs de plastique à Montréal.