Le maire Denis Coderre envisage de porter plainte contre le conseiller municipal Jeremy Searle en raison de son «comportement erratique». Expulsé lundi soir d'une rencontre pour avoir donné un baiser à une collègue en pleine séance, l'élu nie avoir siégé en état d'ébriété.

Le cabinet du maire de Montréal a confirmé à La Presse que des mesures étaient envisagées à la suite des dernières frasques du conseiller de Loyola. «Le maire envisage de porter plainte à la Commission municipale du Québec contre M. Searle compte tenu de son comportement erratique», a indiqué Louis-Pascal Cyr, directeur des communications de Denis Coderre.

Cette instance relevant du ministère des Affaires municipales traite les plaintes contre les élus. S'il est reconnu coupable d'avoir contrevenu à son code de conduite, l'élu pourrait écoper dune réprimande et d'une suspension pouvant aller jusqu'à 90 jours.

Ce ne serait pas la première fois que Denis Coderre sévit contre Jeremy Searle. Récemment, le maire a retiré au conseiller son poste à la Commission sur le développement économique, encore une fois en raison de son comportement erratique. L'élu a du coup perdu tout près de 6000$ en rémunération.

En plus du maire Coderre, Jeremy Searle a aussi attiré l'attention du président du conseil municipal, Frantz Benjamin, responsable de la conduite des élus qui siègent à l'hôtel de ville. «C'est troublant, très troublant», a-t-il réagi à l'incident de lundi soir.

Lors d'un entretien avec La Presse, Frantz Benjamin a dit qu'il veut rencontrer le conseiller avant de décider s'il compte prendre des mesures à la suite de l'événement survenu au conseil d'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Il compte aussi rencontrer la conseillère Magda Popeanu, qui a reçu ce que Jeremy Searle décrit comme une «simple bise, comme on donne à une amie».

Frantz Benjamin s'est dit d'autant plus troublé qu'il venait tout juste d'envoyer une lettre à tous les élus montréalais pour leur rappeler la politique de «tolérance zéro» par rapport au harcèlement au travail.

Searle se défend

«Demandez à Mme Popeanu si elle a une plainte. Si elle n'en a pas, alors il n'y a aucun problème», s'est défendu Jeremy Searle, lorsque La Presse l'a joint. Cette ligne de défense a fait bondir le parti de l'élue, Projet Montréal. «Ce n'est pas parce qu'elle ne porte pas plainte que ça rend ce comportement en pleine séance publique acceptable», a réagi une porte-parole, Catherine Maurice.

Accusant le maire de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce de mener une campagne pour le discréditer, Jeremy Searle affirme qu'il compte demander une reprise de la séance du conseil d'arrondissement d'hier. Il estime que Russell Copeman n'avait aucun motif valable de l'expulser. «Si je parle lentement, ce n'est pas une preuve de quoi que ce soit», dit l'élu.

Mais pourquoi avoir décidé de se lever une heure après le début de la rencontre, au milieu d'une question d'un citoyen, pour traverser l'estrade et donner la bise à sa collègue? «Oui, c'est inhabituel, mais toute ma vie est inhabituelle», a dit le conseiller du district Loyola.

Dans un communiqué diffusé hier, Russell Copeman a déploré le comportement du conseiller Searle. Il a toutefois indiqué qu'il «n'entend pas porter l'incident plus loin».

Le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand, a invité son collègue de Loyola à prendre une pause de la vie publique pour régler ses problèmes personnels. «Je pense que Jeremy Searle devrait se retirer, il a besoin d'aide. Il ne rend pas service à la population dans cet état.»

Problème d'alcoolisme réglé?

Jeremy Searle, qui avait reconnu au printemps souffrir d'alcoolisme, assure avoir mis un terme à sa dépendance à l'alcool sans suivre une cure. «J'ai réglé le problème moi-même.»

L'élu nie ainsi avoir été en état d'ébriété lors du conseil d'arrondissement de lundi. «Je n'étais pas saoul, j'étais très fatigué.» Il explique avoir passé quelques heures avec des sans-abri près de la station de métro Champ-de-Mars avant de se rendre à la rencontre, d'où son débit de parole lent et sa voix pâteuse.