L'ancien maire Gérald Tremblay ne peut qu'applaudir la décision de son successeur, Denis Coderre, de renommer la rue University «boulevard Robert-Bourassa» à partir du futur tronçon urbain de l'autoroute Bonaventure jusqu'au boulevard René-Lévesque. «Il s'agira d'une entrée prestigieuse sur Montréal», a-t-il dit.

Dans un rare entretien depuis sa démission à la tête de Montréal, M. Tremblay a tenu à préciser à La Presse qu'il s'agissait de l'aboutissement d'un travail d'équipe avec l'administration municipale et le gouvernement du Québec. «Je ne peux que [saluer] la décision, a-t-il répété plusieurs fois. J'ai toujours voulu l'honorer.»

Sur un ton posé, il a ensuite expliqué qu'il avait retenu cette option après la controverse de 2006 autour du choix de l'avenue du Parc. Le travail était si avancé que les panneaux indicateurs étaient fabriqués. Toutefois, la famille aurait voulu quelque chose de plus «grand», a-t-il affirmé. «Un boulevard à la mémoire de l'ancien ministre qui a dirigé le Québec, et ce, à partir du pont Champlain», a-t-il précisé.

«La famille aurait voulu quelque chose de plus grand, à partir du pont Champlain, mais c'était de juridiction fédérale. C'était compliqué. Vous savez, le sommaire décisionnel [motion] était prêt à changer le nom de la rue University en l'honneur de Robert Bourassa. On avait même l'accord de Québec. J'avais même fait faire les panneaux, l'un à la hauteur de Saint-Jacques, l'autre à l'intersection René-Lévesque», a-t-il expliqué à La Presse.

Une annonce la semaine prochaine

Comme le rapportait La Presse hier, le maire Denis Coderre a prévu en faire l'annonce en grande pompe dans le hall d'honneur de l'hôtel de ville, le 27 août prochain. Les proches de Robert Bourassa ont déjà commencé à recevoir leur carton d'invitation. Et la haute direction de l'Université McGill s'est déjà montrée favorable au changement de nom de la rue University à partir de la rue Notre-Dame jusqu'au boulevard René-Lévesque.

Loin d'en vouloir au maire Denis Coderre de s'en attribuer le mérite dans quelques jours, M. Tremblay a ajouté que les politiciens s'inscrivent toujours dans la continuité. «Nous bâtissons sur des réalisations. L'important, c'est d'enfin honorer l'ex-premier ministre.»

À ce sujet, il a rappelé que M. Bourassa lui avait fait confiance en 1989 quand il l'avait nommé ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Il a ensuite été président de la Commission de l'économie et du travail. «Il m'a fait confiance durant ces sept années. J'ai eu une relation privilégiée avec lui», a-t-il dit, avant de rappeler qu'il a été maire de Montréal durant onze ans.

En ce qui concerne l'épisode noir de l'avenue du Parc, il a expliqué qu'il avait d'abord pensé à la famille, et à Robert Bourassa, aussi, qui n'aimait pas la controverse, avant d'abandonner le projet.

«La démocratie s'était exprimée. Robert Bourassa n'aurait pas aimé être reconnu dans la controverse. Cet endroit [rue University] est parfait pour l'honorer. Ça va embellir Montréal, avec Griffintown et la cité multimédias. On va enlever toute cette infrastructure lourde de béton. Il était temps.»