Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a demandé mardi au Commissaire à la déontologie policière, Me Claude Simard, d'enquêter et de formuler des recommandations sur le travail d'agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) dans le dossier du drame conjugal qui a causé la mort d'une résidante de l'arrondissement Montréal-Nord, le 17 octobre dernier.

Marie Altagracia Dorval, une mère de famille de 28 ans, a été assassinée six jours après avoir porté plainte, le 11 octobre, contre son conjoint Edens Kenold, pour violence conjugale et menaces de mort. Ni elle ni son conjoint n'avaient été convoqués par des enquêteurs à la suite de la plainte. Edens Kenold est accusé d'avoir poignardé Mme Dorval dans le logement de cette dernière, à Montréal-Nord.

«La violence conjugale, c'est un cinquième des crimes contre la personne», a déploré le ministre Dutil à l'entrée du caucus des députés libéraux, mardi à l'Assemblée nationale.

«Malheureusement, il y a des gens qui commettent quand même leurs crimes, même s'ils savent qu'ils seront punis. Il faut mettre le maximum de chances de notre côté pour diminuer les crimes contre la personne en violence conjugale», a-t-il ajouté.

La nouvelle n'a pas surpris la direction du SPVM. En entrevue avec La Presse Canadienne dans les heures précédant l'annonce, l'assistant-directeur Sylvain Brouillette avait dit s'attendre à cette démarche.

«Ça montre que c'est un dossier qui est très sérieux, qui est suivi de près et, dans le fond, c'est pour l'ensemble des organisations policières. On ne veut pas que des choses similaires se reproduisent», a dit M. Brouillette.

Le SPVM, qui a institué jeudi dernier une enquête interne sur la façon dont ses agents ont géré la plainte, a annoncé mardi également des mesures de redressement.

L'assistant-directeur Brouillette a reconnu que le service avait failli à la tâche.

«Il y a eu des irrégularités dans le dossier. S'il n'y avait eu aucune irrégularité, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Il y a des choses que nous avons découvertes qui n'ont pas nécessairement bien fonctionné dans notre organisation et c'est sur ces éléments que nous avons commencé à travailler dès la semaine dernière», a-t-il dit.

Ainsi, dès cette semaine, le SPVM entend resserrer l'ensemble des mécanismes de contrôle du traitement des plaintes de violence conjugale dans ses postes de quartier et bureaux d'enquête.

Le mois prochain, les procédures d'intervention en matière de violence conjugale seront revues, précisées et détaillées afin de clarifier les rôles et les responsabilités de tous les acteurs au sein du SPVM dans ces circonstances.

En décembre, les 55 policiers qui ont reçu une formation spécialisée en violence conjugale se verront remettre une grille d'évaluation élaborée par le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale.

«Nous sommes à mettre en place beaucoup d'outils pour aider notre personnel, a expliqué Sylvain Brouillette. Ce sont des filets de sécurité que l'on veut mettre en place pour éviter qu'un décès comme celui de la semaine dernière ne se reproduise.»

Il a précisé que l'objectif, en bout de ligne, était de mettre l'appareil policier en branle dès qu'un rapport de violence conjugale était rédigé afin de ne plus permettre qu'un dossier tombe entre deux chaises ou soit coincé dans la procédure.

«Nous voulons augmenter la rapidité de communiquer avec les victimes et procéder plus rapidement à l'arrestation des suspects dans les cas ou ce sera possible», a-t-il dit.