Au moment où les nids-de-poule se multiplient à Montréal avec l’arrivée du printemps, l’administration Plante assure mener un blitz de colmatage des trous dans la chaussée afin d’en boucher le plus possible « avant la fin du dégel ». Bien des automobilistes qui empruntent des artères mal en point, comme le boulevard Saint-Laurent, doivent zigzaguer pour ne pas endommager leur véhicule.

Montréal entame en effet ces jours-ci « la deuxième des trois opérations de colmatage des nids-de-poule planifiées avant la fin du dégel », indique le chargé de communications à la Ville, Hugo Bourgoin.

Il précise que dans les secteurs fortement densifiés comme Ville-Marie – où la présence de ces trous dans l’asphalte est souvent abondante –, « la majorité des travaux sont effectués de nuit » pour ne pas nuire à la circulation. Cela dit, « les opérations de colmatage des nids-de-poule sont tributaires des opérations de déneigement et des conditions météorologiques », précise M. Bourgoin. Il n’est en effet pas possible de colmater quand la chaussée est recouverte de neige ou lorsque le mercure atteint -10 degrés et moins.

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Nids-de-poule sur le boulevard Saint-Laurent, entre René-Lévesque et Sherbrooke

Sur le boulevard Saint-Laurent, la Ville prévoit un planage et un revêtement complet en 2023, particulièrement entre le boulevard De Maisonneuve et la rue Sherbrooke. Une autre phase de travaux aura lieu l’année suivante, en 2024, entre l’avenue Viger et le boulevard De Maisonneuve.

D’ici là, des équipes locales seront dépêchées sur cet axe très fréquenté pour colmater les nids-de-poule. Du colmatage manuel y sera aussi effectué la nuit, aux endroits particulièrement problématiques. Les citoyens peuvent d’ailleurs signaler la présence de nids-de-poule en appelant au 311 ou en utilisant l’application Montréal – Services aux citoyens.

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Les citoyens peuvent signaler la présence de nids-de-poule en appelant au 311 ou en utilisant l’application Montréal – Services aux citoyens.

Au cabinet de Valérie Plante, on assure aussi « prendre très au sérieux la situation des nids-de-poule ». « Nous avons prévu une somme majeure de 4,8 milliards au PDI 2022-2032 pour rattraper l’écart creusé depuis des années par le manque d’investissements dans le réseau routier, écart qu’on tente de rattraper depuis notre premier mandat », affirme l’attachée de presse Marikym Gaudreault.

« Huit machines spécialisées dans le colmatage des nids-de-poule sont en [activité] actuellement aux quatre coins de la ville », conclut-elle, en rappelant que les citoyens peuvent faire des réclamations relatives à des dommages causés par des nids-de-poule.

« Beaucoup de gel et de dégel »

Chez CAA-Québec, le directeur des affaires publiques, Nicolas Ryan, dit être au fait de la grande quantité de nids-de-poule à Montréal. « On a eu cette année un mois de janvier très froid, mais depuis quelques semaines, on flirte avec le point de congélation. Il y a donc beaucoup de gel et de dégel. C’est certain que c’est très difficile sur les routes en ce moment », confie-t-il en ajoutant que l’an dernier, il y avait eu moins de gel et de dégel, « mais aussi moins de véhicules sur les routes avec la pandémie ».

Dans l’est de Montréal, les conditions de circulation rue Sherbrooke, non loin de la Place Versailles, sont « assez spéciales », reconnaît le porte-parole.

Les nids-de-poule sont costauds, les gens essaient de les contourner, mais à un moment donné, il n’y a plus d’espace nulle part.

Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques de CAA-Québec

« Notre réseau est plutôt dans un état épouvantable. Et chaque printemps, on a un peu l’impression que tout est à refaire, particulièrement en milieu urbain », souligne M. Ryan, dont le groupe estime qu’un investissement substantiel de 125 milliards serait requis pour remettre entièrement en état le réseau routier. « Chaque dollar investi en prévention dans une route, c’est éviter de 6 à 10 $ en éventuelles réparations. »

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Aref Salem, chef de l’opposition officielle

Dans les rangs de l’opposition officielle, le chef Aref Salem affirme quant à lui que « la multiplication du nombre de nids-de-poule dans les rues de Montréal n’est pas surprenante ». Ce phénomène, accuse-t-il, est plutôt « le résultat des coupes de 100 millions de dollars de l’administration de Projet Montréal dans la réfection des rues locales ». L’élu fait ainsi référence aux investissements pour l’asphaltage et la réhabilitation des rues, qui sont passés de 258 millions en 2018 à 104 millions en 2020 sous l’administration Plante. Pour lui, « l’administration ne semble pas chercher à remédier » au problème des nids-de-poule.

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  • 51 %
    Proportion des routes québécoises qui sont « sous la note de passage » en matière de qualité de circulation, selon une étude parue l’an dernier, qui avait analysé 117 000 kilomètres de chaussée
    SOURCE : CAA-QUÉBEC