Exclue du caucus de Projet Montréal en octobre 2020, une conseillère d’arrondissement de Lachine vient de déposer une poursuite contre le parti de la mairesse Valérie Plante pour « diffamation et allégations mensongères visant à nuire et ternir sa réputation ».

« C’était un climat toxique. Je n’ai jamais réussi au fil du temps à avoir l’écoute qui m’apparaissait minimale pour pouvoir prétendre au respect », martèle Julie-Pascale Provost, en entrevue avec La Presse. Samedi, sur son site web, la conseillère sortante du district du Canal a publié une version caviardée de sa poursuite. Celle-ci a officiellement été déposée jeudi devant la Cour supérieure du Québec.

Une version complète du document, que Radio-Canada a dévoilé plus tôt lundi, révèle que Mme Provost réclame 80 000 $ en dommages moraux et punitifs à Projet Montréal ainsi qu’à la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, le conseiller Craig Sauvé et la directrice du parti, Raphaëlle Rinfret-Pilon. La Division du Respect de la personne de la Ville est aussi mise en cause.

Mme Provost reproche aux parties de lui avoir « menti en toute connaissance de cause » dans plusieurs dossiers ». Elle tire plus particulièrement à boulets rouges sur la mairesse Vodanovic, qu’elle accuse d’avoir « commandé une campagne de salissage en novembre-décembre 2019 », lors d’une activité de porte-à-porte.

J’espère que les choses vont s’améliorer à Lachine. Ce n’est pas ça, la politique. Ça devrait être de représenter les citoyens, de chercher le meilleur pour la majorité, de rassembler les gens autour de soi.

Julie-Pascale Provost

En octobre 2020, quelques jours après son exclusion du parti, Mme Provost allègue que Projet Montréal aurait aussi envoyé un courriel « contenant des propos faux et diffamatoires à son sujet » à « un grand nombre de citoyens de Lachine ».

Sur son site, Julie-Pascale Provost ajoute que ses relations de travail avec la mairesse Vodanovic « ont toujours été difficiles ». « Quiconque osait la contredire » se confrontait d’ailleurs à la même réalité, martèle la principale intéressée. « Pourtant, le rôle de conseiller est de voter contre certaines décisions qui ne seraient pas dans l’objectif du bien collectif des citoyens », renchérit-elle encore.

De Plante à Coderre

Appelée à réagir, la garde rapprochée de Valérie Plante s’est faite prudente, en indiquant simplement qu’étant donné « la nature judiciaire du dossier, Projet Montréal ne commentera pas les allégations ». « L’ensemble des membres du parti ont les besoins des Montréalais à cœur. Ils en font une priorité et tous travaillent actuellement à améliorer la qualité de vie de la population pour les années à venir », s’est contentée de dire l’attachée de presse, Marikym Gaudreault.

L’an dernier, Julie-Pascale Provost avait été exclue du parti pour cause de relations tendues avec ses collègues. « Ça fait trois ans que les relations entre Mme Provost et les autres élus de Lachine, mais aussi du caucus en général, sont extrêmement difficiles à tous les niveaux », avait soutenu le directeur des communications du parti, Julien Acosta.

Mais Mme Provost avait plutôt fait un lien direct avec la transformation du port plaisance de Lachine, auquel elle s’était opposée malgré la volonté du parti d’aller de l’avant. « Depuis ma prise de position, les relations se sont envenimées. J’ai deux collègues dont j’étais proche qui ne m’adressent plus la parole », avait-elle martelé.

Plus récemment, en septembre dernier, Mme Provost s’était retirée du parti de Denis Coderre – avec qui elle avait tenté de faire le saut à la mairie de Lachine – pour des raisons personnelles et familiales. Selon nos informations, elle s’est fait montrer la porte parce qu’elle refusait d’être vaccinée contre la COVID-19. Elle quittera dans quelques jours le monde politique, pour se consacrer à l’enseignement.