Faut-il taxer davantage les citoyens à Longueuil ? Comment y réduire les émissions de GES ? Doit-on mieux financer ses organismes communautaires et culturels ? À un mois du jour du scrutin, les quatre principaux candidats à la mairie de la cinquième ville la plus populeuse du Québec ont participé à un tout premier débat.

À la ligne de départ, sur les ondes du 103,3 FM, on trouvait la députée de Marie-Victorin Catherine Fournier (Coalition Longueuil), l’ex-président de la CSN Jacques Létourneau (Action Longueuil), l’entrepreneur Jean-Marc Léveillé (Longueuil Citoyen) et la femme d’affaires Josée Latendresse (Longueuil Ensemble), qui avait perdu la mairie par à peine 110 voix en 2017.

La question de la hausse des taxes a rapidement divisé les candidats, quand Josée Latendresse a réitéré sa promesse de « geler les taxes » pour offrir une « première aide directe aux entreprises ». « Quand on parle de promesses de millions en disant qu’on va geler les taxes, je m’inquiète du cynisme qu’on va créer, parce qu’on ne sera pas capables de livrer la marchandise », lui a rétorqué Catherine Fournier, dont le parti mise sur des hausses limitées à l’inflation. « On peut cibler d’autres façons d’accompagner nos entreprises qui génèrent de la richesse », affirme-t-elle.

Jacques Létourneau est aussi de cet avis. « Une ville qui a besoin de développement économique doit être capable de s’accoter sur une fiscalité réaliste. Il n’y a rien d’épouvantable là-dedans quand on a des aspirations en termes de projets de développement », soutient-il.

À Longueuil Citoyen, Jean-Marc Léveillé vise aussi idéalement un gel de taxes. Il soutient « qu’il y a d’autres moyens » de développer la ville que de taxer ses citoyens. « On est la cinquième ville la plus taxée au Québec », a-t-il rappelé mardi.

Faire débloquer le transport collectif

Tous les candidats s’entendent sur le fait que Longueuil a été négligée en matière de transports collectifs dans les dernières années. Catherine Fournier, d’abord, dit soutenir le projet de tramway appelé LÉEO (lien électrique est-ouest), présenté l’an dernier par la mairesse Sylvie Parent, qui relierait la station de métro de Longueuil et la station Panama du futur REM à Brossard. « Il ne faut pas manquer, du même coup, l’occasion de redévelopper l’axe Taschereau », dit-elle.

De son côté, Josée Latendresse veut miser sur l’électrification des flottes de véhicules et « se donner un outil de mesure » pour « ajuster nos parcours » et « changer nos garages ». « Il faut mettre à jour notre Plan d’aménagement et de développement, pour le rendre plus ambitieux », plaide-t-elle, en appelant à « nantir » le Fonds vert de la Ville et à développer plus de pistes cyclables, en faisant de la place au vélo-partage.

« Le principal problème en lien avec les GES, c’est l’automobile. Il y a des chars partout ! », affirme de son côté Jacques Létourneau, pour qui l’essentiel sera surtout d’avoir un « échéancier », au-delà du mode de transport. « Est-ce que ça s’appelle un tramway, un REM ? On va surtout se battre pour avoir un échéancier. 2029, 2035, 2040 ? Tant qu’on ne s’y attaque pas, on va continuer à rouler dans nos voitures. »

M. Léveillé déplore que l’administration Parent n’ait « même pas levé le doigt » pour conserver les 30 millions donnés au Réseau de transport de Longueuil (RTL), qui s’est vu retirer en octobre 2020 son bureau de projet pour étudier le prolongement de la ligne jaune du métro et le tramway sur l’axe Taschereau. « Si on développe […] avec une structure de transport collectif qui ne marche plus est-ouest, mais bien nord-sud, là, on va commencer à changer les choses », affirme-t-il.

La culture, le parent pauvre

Infrastructures vieillissantes du théâtre de la Ville, absence d’un musée agréé sur le territoire, budget du Conseil des arts inchangé depuis dix ans : la culture fait souvent office de parent pauvre à Longueuil.

Jean-Marc Léveillé est le seul des quatre candidats à vouloir livrer le projet de complexe culturel, mais plutôt sur le bord de l’eau qu’à la Place Charles-Le Moyne, dans un premier mandat. L’infrastructure, qui a déjà fait l’objet de dépassements de coûts, fait jaser depuis plus de dix ans, mais n’a jamais été concrétisée. Son parti s’engage aussi à créer une « SODEC » à Longueuil, avec un budget de 10 millions sur trois ans.

Les autres sont plus prudents. Josée Latendresse envisage plutôt une grande consultation sur l’avenir de la culture, qui déciderait notamment de choisir l’emplacement dudit complexe et d’envisager d’autres projets, avec la rénovation imminente du Collège Édouard-Montpetit.

Pendant ce temps, Catherine Fournier promet de « faire adopter un plan d’action de mise en œuvre d’une politique culturelle », en concertation avec les acteurs du milieu, dans ses 100 premiers jours au pouvoir. Jacques Létourneau, enfin, compte doubler le financement du Conseil des arts et « engendrer une réflexion » avec l’organisme sur les besoins urgents à combler en matière de financement.