La mairesse sortante Valérie Plante a annoncé mercredi la construction de 60 000 logements abordables à Montréal au cours des prochaines années, en réitérant vouloir faire de l’habitation un enjeu central de sa campagne dans les prochaines semaines.

« On doit garder l’abordabilité à Montréal. On ne veut pas devenir comme Toronto ou Vancouver. Montréal peut se targuer d’être encore une ville abordable, mais ça commence à être très fragile », a affirmé d’emblée la mairesse de Montréal. La Ville achètera plusieurs terrains dans la métropole. « Ensuite, on va pouvoir les prêter sur du très long terme à des OBNL et des promoteurs privés pour faire du développement de logements abordables », a-t-elle expliqué.

Le budget de la Ville s’élèvera à 800 millions pour l’achat de terrain sur les 40 prochaines années. Pendant cette période, les organismes rembourseront la Ville sous forme de rente.

En plus d’utiliser les terrains qui sont déjà la propriété de la Ville, comme l’ancien hippodrome ou Louvain Est, la Ville achètera de nombreux terrains à travers la métropole, notamment près des nouvelles stations de la ligne bleue du métro qui verront le jour dans les prochaines années. « On veut en faire dans Mercier, Saint-Léonard, Tétreaultville, Lasalle », a énuméré Mme Plante.

Mme Plante souhaite que ces logements demeurent abordables pendant plusieurs décennies. « Ce n’est pas juste le premier acheteur qui aura un logement abordable. On veut s’assurer qu’après, ça demeure pendant les 5, 10, 20, 40 prochaines années », a-t-elle soutenu.

Ces 60 000 logements seront composés d’appartements locatifs et de condos abordables. « On veut que ça demeure abordable pour une période très longue, d’au moins 40 ans », a affirmé Robert Beaudry, candidat au poste de conseiller de Ville du district de Saint-Jacques. Une entente sera conclue avec le promoteur ou le gestionnaire des logements locatifs pour que les propriétés demeurent abordables. « La prise de valeur du condo ne pourra pas dépasser 3 % par année », a indiqué M. Beaudry.

Qui aura accès aux logements ? « Notre public cible, c’est la classe moyenne, avec ou sans enfant », a répondu Mme Plante. Le coût du loyer ou de vente des logements sera sous la valeur marchande. « On vise 90 % du prix moyen », a-t-elle indiqué.

Une promesse « extravagante », selon Coderre

« Il s’agit encore une fois d’une promesse extravagante qu’elle ne pourra pas tenir, exactement comme en 2017. Projet Montréal ne peut pas promettre de dépenser l’argent des Montréalais pour les 40 prochaines années. Encore une fois Valérie Plante montre qu’elle envisage de dépenser sans compter », a affirmé le candidat à la mairie, Denis Coderre.

« Elle promet 800 millions dans ce plan, alors qu’elle est rendue à plus de 4,4 milliards de promesses depuis le mois de juin et c’est seulement la première semaine de la campagne. C’est de l’improvisation pure et simple », a-t-il ajouté.

Le même « bon vieux Denis »

Le tout survient alors qu’un sondage Léger-Le Devoir révélait mercredi que Denis Coderre et Valérie Plante sont au coude-à-coude, alors que s’entame véritablement la campagne municipale avec la fin de la campagne fédérale. M. Coderre récolte 37 % des voix dans la métropole, pendant que Mme Plante en obtient 36 %. Le chef de Mouvement Montréal, Balarama Holness, recueille 8 % des appuis, suivi par le chef de Ralliement pour Montréal, Marc-Antoine Desjardins, avec 5 % des votes. Environ 14 % des électeurs sont indécis.

En mai, M. Coderre et Mme Plante totalisaient respectivement 39 % et 29 % des intentions de vote, selon un sondage Léger-Le Journal de Montréal. Un sondage réalisé pour Projet Montréal en juillet montrait déjà que la mairesse sortante effectuait une remontée avec 34 % des voix, contre 37 % pour Denis Coderre.

Appelée à réagir, Valérie Plante a indiqué mercredi que son parti a une « progression vraiment intéressante » pendant « que de l’autre côté, il y une stagnation, j’ai envie de dire même une descente ».

« Mon opposant a perdu une dizaine de points, ce qui est somme toute énorme. M. Coderre est revenu en disant qu’il avait changé, qu’il était un homme nouveau, mais je pense que pour les gens, la balloune dégonfle. Les gens se rendent bien compte que c’est le même bon vieux Denis qui fait le même genre de politique un peu à la pièce », a-t-elle fustigé à ce sujet. Elle a aussi réitéré que sa formation « est un parti sérieux qui a fait beaucoup de travail », dont « gérer une pandémie » et arriver en même temps à réaliser ses promesses en environnement et en transport collectif.

« Ce qui m’a beaucoup touchée, c’est que les priorités nommées par les Montréalais sont les nôtres. Ce sont celles de notre plateforme actuelle : l’habitation, la sécurité publique, la sécurité des quartiers et la transition écologique. Je pense que ça parle vraiment du Montréal d’aujourd’hui et de demain », a conclu Mme Plante.