L'administration de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, fait volte-face et adhère à l'idée de permettre la circulation automobile sur le mont Royal, en transformant Camillien-Houde en « chemin de plaisance ».

Mme Plante prend ainsi en compte les recommandations de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) rendues publiques hier matin pour une « vision d'avenir » du mont Royal. « Ce concept [de chemin de plaisance] permettrait la mise en valeur de l'expérience du mont Royal et la découverte de ses patrimoines paysagers, naturels et culturels, tout en réduisant et en décourageant le transit. En bref, un chemin qu'on emprunterait parce qu'il est agréable et non [parce qu'on serait] en quête d'un raccourci », explique l'OCPM.

Au cours des prochaines semaines, l'administration Plante précisera les aménagements qui seront faits dès cet été pour accentuer la sécurité. 

« Le mont Royal est un joyau, un poumon vert au coeur de l'île. Il appartient à tous les Montréalais et à toutes les Montréalaises. Et chacun doit y avoir accès en toute sécurité. » - Valérie Plante, mairesse de Montréal

Ce changement d'orientation de la mairesse n'est pas étranger à l'analyse très critique de l'OCPM à l'égard du projet pilote interdisant la circulation de transit sur le mont Royal l'été dernier. Là où l'administration Plante avait vu une réussite, l'OCPM parle d'une expérience précipitée qui a nourri la controverse, n'a pas obtenu l'acceptabilité sociale, et dont les objectifs étaient « imprécis ou manquants ». L'OCPM souligne également que l'administration municipale n'a pas misé sur la concertation préalable avec les partenaires avant de décréter un projet pilote (qui s'est déroulé du 2 juin au 31 octobre 2018), dont « les résultats sont peu concluants ».

La mairesse de Montréal retient surtout de ce rapport que « le statu quo » est dorénavant exclu. « La circulation sera donc possible sur Camillien-Houde, mais [...] ce rapport signe aussi la fin de "l'autoroute" Camillien-Houde. [...] La route deviendra donc un chemin de plaisance apaisant et sécuritaire pour tous », a affirmé Valérie Plante.

Un « fiasco », dit l'opposition

« Ça confirme que le projet pilote a été un fiasco à tous points de vue : accès à la montagne, aménagement et sécurité des cyclistes », estime le chef de l'opposition officielle, le conseiller municipal Lionel Perez.

Selon lui, la mairesse Plante ne peut justifier la situation par un problème de communication comme elle l'a fait lors de l'augmentation des taxes de son premier budget, pour expliquer son allocution prononcée uniquement en anglais à des investisseurs étrangers et sa réaction tardive aux propos du maire d'Hampstead sur le « nettoyage ethnique ». « La communication, ce n'est pas à sens unique. C'est non seulement parler, mais aussi être à l'écoute. Mme Plante et Luc Ferrandez étaient déconnectés des Montréalais », soutient Lionel Perez.

L'OCPM suggère que la mise en oeuvre d'un « chemin de plaisance » soit la responsabilité d'une instance administrative distincte. Un tel bureau de projet devrait rendre public régulièrement l'état d'avancement des travaux, souligne-t-on.

Dans une déclaration faite à la presse ce matin, la mairesse Plante a tenu à rappeler le contexte qui a mené au projet pilote, soit la mort d'un jeune cycliste de 18 ans « fauché par un automobiliste qui a effectué une manoeuvre illégale et fatale » le 4 octobre 2017. Il y avait, selon elle, urgence d'agir.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal