La Formule E continue de hanter Montréal : un promoteur éconduit vient de lancer une poursuite de 3 millions contre la Ville en brandissant un rapport officiel qui épingle le favoritisme de l'administration Coderre au profit d'un concurrent.

Alexandre Choko, un homme d'affaires montréalais, accuse l'hôtel de ville d'avoir torpillé son propre projet d'amener la Formule électrique à Montréal afin de laisser le champ libre au promoteur et producteur evenko.

Montréal «a causé des dommages très importants au demandeur, dont le travail acharné a été complètement anéanti par [son] comportement fautif», écrivent les avocats de M. Choko dans sa poursuite.

L'homme d'affaires estime qu'il aurait engrangé des revenus de 3 millions en organisant la course pendant les trois années que durait le contrat signé par Montréal, d'où le montant de la poursuite.

L'administration Plante a annulé ce contrat peu après son élection, en novembre 2017.

L'organisation derrière le circuit international de Formule E a répliqué en lançant une poursuite de 33 millions, accusant Montréal d'avoir agi «de manière impulsive, arbitraire, abusive et préjudiciable» en mettant une croix sur les éditions 2018 et 2019 de la course prévues dans l'entente.

Règles contournées

Dans la plus récente poursuite, Alexandre Choko explique avoir eu des contacts étroits avec l'organisation de la Formule E pendant la première moitié de l'année 2015, en vue de l'organisation d'une course à Montréal.

Mais soudain, en mai de la même année, l'organisation a cessé de communiquer avec lui.

«On nous a expliqué que le cabinet du maire gérera l'organisation de la course et qu'il devrait donc être notre seul point de contact», a écrit à M. Choko le numéro deux de l'organisation, dans un courriel dont une copie est jointe à la poursuite.

Cet élément de preuve s'accorde avec les conclusions du rapport de l'inspecteur général rendu public au printemps dernier : dès 2015, Denis Coderre avait décidé de porter ce dossier lui-même et avait même contacté le président d'evenko afin de discuter de l'organisation de cet événement. Un organisme à but non lucratif a alors été créé afin d'assumer les risques que l'entreprise refusait d'assumer. Résultat : les règles qui régissent l'attribution des contrats municipaux ont été contournées, concluait le bureau de l'inspecteur général.

La poursuite d'Alexandre Choko se base dans une large mesure sur ces constatations.

«À la lecture du rapport de l'inspecteur général, j'ai été à même de constater que mes droits avaient été bafoués et que les contribuables de la Ville de Montréal en étaient également sortis perdants», a-t-il affirmé dans une courte déclaration écrite transmise par courriel. «J'ai donc pris la décision de faire valoir mes droits devant les tribunaux. Je suis confiant que la Cour constatera la justesse de mes représentations.»

«La Ville ne commentera pas le fond du dossier car il est judiciarisé», a affirmé par courriel Gonzalo Nunez, porte-parole de la Ville. «Le Service des affaires juridiques contestera cette poursuite et défendra les intérêts de la Ville devant le tribunal, entre autres pour protéger les fonds publics montréalais.»