La France, la Norvège et Monaco ont appelé mardi à Paris à agir fortement contre le dérèglement climatique, à l'occasion d'une conférence sur l'Arctique, «sentinelle avancée» du réchauffement planétaire.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a rappelé que dans cette région, le réchauffement est deux fois plus rapide qu'ailleurs.

«En renvoyant dans l'atmosphère l'énergie du soleil et en libérant le méthane emprisonné dans le pergélisol, les écosystèmes de l'Arctique peuvent changer la donne (...) Si nous continuons à les perturber, ils pourraient contribuer à un emballement des températures, c'est-à-dire un scénario catastrophe», a dit le ministre, qui s'est rendu dans l'archipel norvégien du Svalbard et doit aller au Groenland «dans quelques jours».

«Cette menace doit nous faire agir», a-t-il ajouté. «Faciliter la conclusion d'un accord universel et ambitieux, telle est la mission que s'est fixée la France» pour la conférence climat organisée en décembre à Paris. «La tache est immense, mais l'espoir réel», a-t-il encore dit.

«Les changements en Arctique sont un appel à l'action», a souligné son homologue norvégien Borge Brende, rappelant qu'en mer de Barents, 50% de la banquise a disparu depuis 1980. «Le Grand Nord est en haut de nos priorités de politique étrangère», a-t-il ajouté.

Le prince Albert II de Monaco a lui aussi appelé à agir face à ce «bouleversement dont les hommes sont les premiers responsables et les premières victimes».

«Le réchauffement climatique est inséparable de l'ouverture de routes, de l'apparition d'exploitations nouvelles et des profonds changements économiques, sociaux et environnementaux qui en découlent. Certains de ces bouleversements peuvent être bénéfiques, mais beaucoup ont des conséquences négatives que nous ne pouvons ignorer», a-t-il dit.

«Tous les États doivent jouer un rôle auprès de leurs entreprises», a-t-il dit. «Nous devons les persuader de renoncer si nécessaire à certaines exploitations en région Arctique, et notamment aux exploitations d'hydrocarbures liquides lorsqu'elles présentent trop de risques. Notre devoir est en effet avant tout d'inciter une transition énergétique seule à même de nous libérer d'une fuite en avant dans les produits pétroliers», a-t-il ajouté.

Il a appelé à se mobiliser pour les négociations climat, mais aussi à faire évoluer le droit de la haute mer, développer les aires marines protégées.

«Tous les développements attendus en Arctique liés au pétrole et au gaz doivent répondre aux standards environnementaux les plus élevés», a pour sa part déclaré M. Brende, dont le pays a pour première industrie l'industrie pétrolière. Et ils «doivent se conformer aux accords espérés lors de la Cop 21», a-t-il ajouté, relevant que son pays tiendrait ses engagements en terme de réduction d'émissions de CO2.

Interrogé sur la manière dont la géopolitique en Arctique pouvait affecter la politique nationale, il a estimé que «nous avons évité toute "ruée vers l'or"», vantant la coopération internationale dans la région.

Le gouvernement a décidé en janvier d'offrir de nouveaux secteurs à la prospection pétrolière, soulevant des critiques notamment d'organisations de défense de l'environnement.