Il est difficile de prédire de quelle façon le bitume provenant des gisements de l'Alberta se comportera en cas de déversement, de sorte que l'on peut difficilement en calculer les risques, selon un responsable américain d'intervention d'urgence.

Le biologiste de la vie marine Gary Shigenaka, du service d'intervention d'urgence de l'Administration océanique et atmosphérique nationale, affirme que son organisation s'interroge au sujet des propositions d'oléoducs en Colombie-Britannique et le produit qu'ils transporteraient.

Selon lui, même la question de la propension du bitume dilué à flotter ou à couler nécessite une réponse complexe. M. Shigenaka explique que le bitume flotte lorsqu'il est dilué et placé dans un pipeline, mais qu'il peut couler lorsqu'on le mélange à des sédiments.

Les projets canadiens d'oléoducs sont un sujet populaire, cette semaine à Seattle, à une conférence réunissant des scientifiques et des groupes environnementaux. Ces projets incluent le pipeline Northern Gateway d'Enbridge, le Trans Mountain de Kinder Morgan et le Keystone XL vers le golfe du Mexique.

L'État de Washington a également ses propres propositions de raffineries et d'exportation qui ajouteraient au trafic vers la mer des Salish, selon M. Shigenaka.

Plus de 1200 scientifiques spécialisés dans l'univers marin, leaders autochtones et décideurs des deux côtés de la frontière sont rassemblés à l'occasion de la Conférence sur l'écosystème de la mer des Salish, organisée tous les deux ans depuis que l'Agence de protection environnementale américaine (EPA) et Environnement Canada ont accepté de collaborer sur des enjeux transfrontaliers en 2000.

M. Shigenaka affirme que le meilleur exemple de déversement en eau douce demeure la rupture du pipeline d'Enbridge dans la rivière Kalamazoo, au Michigan. «Plusieurs personnes avaient témoigné pendant les audiences au Canada et affirmé que le produit ne pouvait absolument pas couler - puis, des études ont paru indiquant qu'il pouvait, en fait, couler», a rappelé le biologiste.

«Il a coulé pendant le déversement de Kalamazoo. Ils travaillent toujours sur ce déversement de 2010 (...) (Les responsables) espèrent qu'ils auront tout nettoyé à l'automne. Donc, quatre ans plus tard, ils nettoient toujours.»

Certains s'inquiètent par ailleurs de la toxicité du diluant ajouté au bitume, dont la texture rappelle celle du beurre d'arachide. L'Administration océanique et atmosphérique américaine ne sait pas exactement ce qu'il contient puisque sa recette est brevetée.