Incapable de chiffrer le nombre d'emplois « payants », à plus de 25 dollars l'heure, qu'il voudrait créer, François Legault a visité une usine de la compagnie Prévost qui se plaint de la pénurie de main-d'oeuvre et qui réclame d'accélérer la venue de travailleurs étrangers pour pourvoir des postes à un taux horaire de 26 dollars.

Lors d'une mêlée de presse à Sainte-Claire jeudi, le chef caquiste a déclaré qu'« on a besoin d'emplois comme chez Prévost », une usine de fabrication d'autocars. Il n'a toutefois pas été en mesure de chiffrer le nombre d'emplois « payants » qu'il s'engage à créer s'il est porté au pouvoir.

« Je n'ai pas assez de données pour être capable de vous répondre précisément », a-t-il soutenu aux côtés de sa candidate dans Bellechasse, Stéphanie Lachance. « C'est difficile avec les moyens qu'on a. »

Son objectif est de réduire l'écart entre le salaire moyen au Québec et celui en Ontario. Il a chiffré cet écart à 11 % ou 12 %. Pour le réduire, il promet de se doter d'un plan « à long terme ». « Ça ne se fera pas dans un mandat, ça se fera dans plusieurs mandats », a-t-il indiqué.

Le chef caquiste a trouvé un moyen pour y parvenir : changer le rôle d'Investissement Québec. « Au lieu d'aider toutes les entreprises, on aidera les entreprises qui ont des projets pour créer des emplois à 25 dollars l'heure », a-t-il soutenu.

Lors de sa visite des installations de Prévost, la vice-présidente, Emmanuelle Toussaint, lui a signifié que son défi principal est la pénurie de main-d'oeuvre. Elle a parlé d'un manque d'électromécaniciens et de soudeurs, par exemple. François Legault a alors tenté de relativiser son propos en disant qu'il manque de soudeurs partout dans le monde. Il a insisté sur la nécessité d'attirer les jeunes vers la formation professionnelle.

Questionnée par quelques journalistes, Mme Toussaint a confirmé l'importance de la pénurie de main-d'oeuvre. « Seulement en ce qui concerne la peinture, en ce moment, on a 18 postes de peintre vacants », a-t-elle indiqué. La Presse a retracé sur le web une offre d'emploi de soudeur et une autre de préparateur à la peinture chez Prévost. Le salaire annoncé dans les deux cas est de 26,18 dollars l'heure, précisément le genre d'emplois « payants » que souhaite François Legault.

Pour combler les postes vacants, Emmanuelle Toussaint a fait valoir la nécessité d'accélérer la venue de travailleurs étrangers. « Faciliter l'obtention de visas et tout, c'est sûr que ça nous aiderait. C'est sûr que ces mesures nous aident beaucoup », a-t-elle dit.

« On a vraiment une pénurie de main-d'oeuvre. On est confiant qu'on puisse travailler, peu importe le gouvernement en place, pour que ce soit bien compris et qu'on soit en mesure de recruter, que ce soit à l'international ou localement. »

François Legault compte, de façon temporaire, réduire de 52 000 à 40 000 le nombre d'immigrants que le Québec accueille chaque année. « La baisse des seuils en tant que telle, je ne peux pas dire qu'on la craint, mais c'est sûr qu'on favorise vraiment les personnes de l'étranger, c'est officiel », a commenté la vice-présidente chez Prévost.

François Legault justifie la baisse des seuils d'immigration en disant qu'il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants. Chez Prévost, il ne semble pas y avoir de problème de ce côté. « On a commencé à recruter des gens, que ce soit de Pologne, du Brésil, du Mexique. [...] Oui, les personnes qu'on a recrutées ont effectivement toutes les compétences nécessaires. » Et « il faut qu'elles soient capables de communiquer ou à tout le moins [qu'elles aient] une volonté marquée d'apprendre à travailler avec les collègues, parce que, dans l'usine ici, ça se déroule en français », a affirmé Mme Toussaint.