Il est encore tôt en campagne, mais il faudra bien y penser un jour: qui dirigera le Québec au lendemain du scrutin?

Ce sera Pauline Marois, Philippe Couillard ou François Legault (quoique moins probable pour ce dernier), mais qui les secondera quotidiennement dans la difficile tâche de gouverner le Québec?

Sondage: les libéraux passent devant les péquistes

Qui contrôlera les cordons de la bourse? Qui négociera avec les fonctionnaires? Qui dirigera les plans de prospection à Anticosti et ailleurs? Qui tentera - oh, le beau défi! - de trouver des solutions viables et efficaces pour le réseau de la santé? Qui, qui, qui... accèdera au Conseil des ministres?

Il y a des évidences. Il y a des incontournables dans chaque parti. Mais il y a aussi des surprises et des gens qu'on ne connaît pas vraiment.

Sans compter que des facteurs autres que la compétence et la notoriété viennent aussi compliquer le calcul: l'équilibre des régions, l'équilibre hommes-femmes, un mélange d'expérience et de relève, une ouverture aux Néo-Québécois et aux minorités visibles (important dans cette très blanche et très homogène Assemblée nationale), la gestion de la susceptibilité de certains - surtout les partisans loyaux de la première heure, dont l'exclusion pourrait provoquer des effets secondaires indésirés...

La composition d'un Conseil des ministres, c'est un peu comme la sélection des joueurs d'une équipe olympique. Ça donne un ton, un style au gouvernement. Et une bonne idée de la façon dont il jouera et quelles seront ses priorités.

Maintenant que la liste des candidatures est à peu près complète, petit exercice de cabinet fictif.

Parti québécois (PQ) l'embarras du choix

Qu'elle hérite d'un gouvernement minoritaire ou majoritaire, Pauline Marois aura l'embarras du choix pour former son Conseil des ministres.

Expérience. Femmes et hommes aguerris, qu'elle connaît depuis longtemps. Recrues de qualité. Répartition régionale. Tout y est, la matière première d'un cabinet solide est abondante. Un heureux problème pour tout premier ministre, pour qui la composition d'un Conseil des ministres reste un des exercices les plus délicats.

Les retours (incontournables)

Voici la liste «A» d'un éventuel nouveau gouvernement Marois. Ces députés, s'ils sont réélus, devraient tous rester au Conseil des ministres pour services rendus, pour leur loyauté ou leur rapport à la chef. Bernard Drainville, par exemple, a porté le ballon de la Charte; Jean-François Lisée est à la fois ministre et éminence grise; Yves-François Blanchet a hérité de l'Environnement et a bien servi sa chef, et Véronique Hivon a mené, avec le respect de tous, le projet de loi «Mourir dans la dignité».

>Jean François Lisée

>Bernard Drainville

>François Gendron

>Véronique Hivon

>Yves-François Blanchet

>Stéphane Bédard

>Sylvain Gaudreault

>Agnès Maltais

>Nicole Léger

Pourraient revenir (ou pas)

C'est là que ça risque de se compliquer pour Mme Marois, surtout si elle dirige un gouvernement majoritaire. Faudra nécessairement faire de la place à de nouveaux visages et rétrograder les ministres moins performants. Autre facteur: la répartition régionale. Certains députés n'accèdent jamais au Conseil des ministres simplement parce que leur région est déjà bien représentée.

>Stéphane Bergeron

>Pascal Bérubé (jeune, infatigable et rare représentant du Bas-Saint-Laurent. A bien fait au Tourisme et pourrait prendre du galon).

>Pierre Duchesne (pas mauvais, mais plutôt effacé)

>Alexandre Cloutier

>Diane de Courcy

>Maka Kotto (dans l'ombre de Lorraine Pintal?)

>Réjean Hébert

>Nicolas Marceau (certainement dans l'ombre de PKP)

>Martine Ouellet

>Bertrand Saint-Arnaud

Les recrues

Un nouveau gouvernement doit faire place à du sang neuf et doit «récompenser» les régions qui lui ont envoyé de nouveaux élus. La région de Québec, si elle s'ouvre au PQ, pourrait jouir d'une présence accrue à la grande table du cabinet Marois.

>Pierre Châteauvert

>Patrice Dallaire

>Linda Goupil

>Dominique Payette

>Pierre Paquette

>Simon Prévost

>Martine Desjardins

>Gyslaine Desrosiers

>Diane Lamarre

Les vedettes

Est-ce bien nécessaire de préciser que Pierre Karl Péladeau aboutira au Conseil des ministres si le PQ garde le pouvoir? La question est plutôt de savoir où. Ministre des Finances? Faudrait tasser Nicolas Marceau. Et Finances, ce n'est peut-être pas assez gros pour PKP. Un genre de superministre de l'Économie, du Développement des régions et de l'Innovation, en plus de la présidence du comité des priorités économiques. Un genre de PDG de l'économie, chapeautant les autres ministres, dont celui des Finances, qui aurait le rôle de chef des opérations financières.

Chose certaine, le nommer à la présidence du Conseil du Trésor serait, pour les syndicats, l'équivalent d'une déclaration de guerre!

>Pierre Karl Péladeau

>Lorraine Pintal (on l'oublie, mais il s'agit tout de même d'une prise de choix pour le PQ)

>Djemilah Benhabib (un symbole fort - mais aussi controversé - si Mme Marois veut continuer de jouer la carte de la laïcité)

En réserve

>Daniel Breton (Après un premier mandat difficile, un retour est possible, mais douteux)

>Léo Bureau-Blouin (En 2012, il n'était pas prêt à devenir ministre, disait Mme Marois. A-t-elle changé d'avis?)

>Denis Trottier (S'il bat Philippe Couillard... Problème: sa région est déjà bien représentée au cabinet)

>Claude Cousineau ou Sylvain Pagé





PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

La chef du Parti québécois, Pauline Marois

Parti libéral du Québec (PLQ)

Couillard bien outillé

Le PLQ, comme le PQ, dispose de ressources abondantes pour bâtir un Conseil des ministres respectant les équilibres hommes-femmes, jeunesse-expérience, profil social ou économique.

C'est plutôt la répartition régionale qui rend toujours la tâche un peu plus complexe au chef libéral, puisque le PLQ est surreprésenté à Montréal (en particulier dans l'Ouest), mais compte peu ou pas de députés dans certaines régions.

Le PLQ de Philippe Couillard compte aussi plusieurs députés d'expérience qui attendent depuis longtemps et n'accepteront pas de passer leur tour encore une fois.

Faudra aussi que Philippe Couillard, s'il devient premier ministre, décide du sort de ses candidats-vedettes. Un gouvernement ne peut avoir deux ministres des Finances ou deux ministres de la Santé.

Incontournables

Par leurs états de service ou par leur loyauté, par leur expérience aussi, il serait pratiquement impossible d'exclure ces députés d'un éventuel gouvernement Couillard. Jean-Marc Fournier a assuré la permanence pendant la course à la direction; Pierre Moreau s'est imposé avec une deuxième place dans cette course; Sam Hamad a dirigé la campagne à la direction du chef,en plus d'être le porte-étendard libéral à Québec; Pierre Paradis est revenu dans les bonnes grâces sous Philippe Couillard et le quintette féminin (Thériault, Saint-Pierre, Boulet, Weil et Vien) cumule expérience et talent.

>Jean-Marc Fournier

>Pierre Moreau

>Robert Dutil

>Sam Hamad

>Lise Thériault

>Christine Saint-Pierre

>Julie Boulet

>Yves Bolduc

>Pierre Paradis

>Kathleen Weil

>Laurent Lessard

>Pierre Arcand

>Dominique Viens

Les vedettes

L'arrivée spectaculaire de Gaétan Barrette au PLQ a éclipsé les autres candidatures, mais il ne faudrait pas oublier Carlos Leitao et Jacques Daoust, respectivement économiste et administrateur de haut vol, qui sont venus combler une lacune apparente sur le front économique.

>Carlos Leitao

>Jacques Daoust

>Gaétan Barrette

Recrues

>David Birnbaum (Un (rare) nouveau visage anglophone au PLQ)

>Saul Polo (Si le président du PLQ déloge Léo-Bureau Blouin dans Laval-des-Rapides, il s'en va directement au cabinet.)

>Martin Coiteux (candidat «économique» moins connu que Jacques Daoust et Carlos Leitao, qui pourrait aussi «souffrir» de la surabondance de députés libéraux dans l'ouest de Montréal.)

En réserve

Advenant l'élection d'un gouvernement libéral, Philippe Couillard pourrait être tenté de puiser dans l'expérience de Geoffrey Kelley, Gerry Sklavounos, Robert Poeti et Marguerite Blais ou dans le renouveau, avec David Heurtel et Marc Tangauy, mais il devra aussi limiter le nombre de limousines à Montréal.

>Geoffrey Kelley

>Gilles Ouimet et Guy Ouellette (l'un des deux représenterait Laval)

>Gerry Sklavounos

>Robert Poeti

>David Heurtel

>Marc Tanguay

>Marguerite Blais

>Nicole Ménard (rare libérale en Montérégie)





Photo La Presse Canadienne

Philippe Couillard

Coalition avenir Québec (CAQ)

Absence de gros canons

Nul doute, c'était plus facile en 2012 pour François Legault. L'arrivée spectaculaire de Jacques Duchesneau et la présence de Gaétan Barrette donnaient une crédibilité et une base ministrable à la CAQ.

Cette fois, l'absence de gros canons connus de la population renforce l'impression d'essoufflement de la CAQ, mais s'il devait prendre le pouvoir (ce qui semble tout de même assez peu probable pour le moment, mais jouons le jeu), François Legault disposerait néanmoins d'une bonne équipe pour construire son Conseil des ministres. Il lui faudrait toutefois combler le manque d'expérience politique par l'audace et la nouveauté de nouveaux venus inconnus du grand public, mais forts d'expériences professionnelles riches et variées.

Les piliers

Anciens adéquistes ou partisans de la première heure de la CAQ, ces sept députés sortants passeraient GO et atterriraient automatiquement dans un éventuel cabinet Legault.

>Christian Dubé

>Gérard Deltell

>Éric Caire

>Sylvie Roy

>Stéphane Le Bouyonnec

>François Bonnardel

>Nathalie Roy

Les persévérants

Défaits CAQ aux élections de 2012, ces quatre candidats sont de retour. En plus d'avoir goûté aux joies des campagnes électorales, ils cumulent de l'expérience dans les domaines municipal, de la culture, de la politique et de l'éducation.

>Mario Laframboise

>Claire Samson

>Benoît Charrette

>Mario Asselin

En réserve

>Serge Tremblay et André Lamontagne (anciens partenaires d'affaires de Legault à l'époque d'Air Transat, ils l'ont suivi en politique par amitié)

>Mario Gagnier (secteur de la finance et... vigneron)

>Claire Isabelle (spécialiste du milieu de l'éducation)

Photothèque La Presse

François Legault