Le gouvernement Harper doit profiter des élections au Québec pour réitérer haut et fort son appui à la Loi sur la clarté référendaire, affirme le militant pour les droits des anglophones Brent Tyler. Selon lui, Ottawa ne peut rester sur les lignes de touche face à la perspective de l'élection d'un gouvernement péquiste majoritaire.

M. Tyler et son collègue Keith Henderson, ancien du Parti égalité, se mobilisent sous la bannière du Comité spécial pour l'unité canadienne. Fait inusité, ils sont appuyés dans leur démarche par un député conservateur de l'Alberta, Peter Goldring.

Le groupe souhaite que le gouvernement conservateur de Stephen Harper sorte du mutisme qu'il s'est imposé pendant les élections.

« C'est une des élections les plus importantes de notre histoire récente, peut-être au même niveau que celle du Parti québécois en 1976, note M. Tyler. Donc, on pense que c'est capital pour le gouvernement fédéral d'exprimer son point de vue sur un référendum potentiel. »

MM. Tyler et Henderson contestent depuis plus d'une décennie une loi provinciale adoptée en 2000 qui affirme le droit du Québec de décider de son avenir au sein du Canada. La loi 99, adoptée à l'époque par le gouvernement de Lucien Bouchard, était la réponse québécoise à la Loi sur la clarté référendaire du gouvernement de Jean Chrétien.

Le gouvernement Harper a soulevé un tollé, l'automne dernier, lorsqu'il soutenu en cour la contestation des deux militants anglophones.

Le premier ministre conservateur doit profiter de la campagne provinciale pour réitérer cette prise de position, dit M. Tyler. D'autant plus que les quatre partis dans la course ont appuyé une motion à l'Assemblée nationale pour dénoncer la prise de position d'Ottawa.

Il ne craint pas qu'une intervention d'Ottawa ait pour effet de ragaillardir les troupes souverainistes.

« Si quelqu'un est porté à changer son vote à cause de l'intervention du gouvernement fédéral, il y a des chances qu'un autre électeur change son idée dans le sens inverse, dit M. Tyler. Ça s'équivaut. »

Le député Peter Goldring, qui fait partie du groupe, a déclaré au quotidien ontarien Globe and Mail qu'il craint que l'entrée en scène de Pierre Karl Péladeau ne donne une nouvelle impulsion au mouvement souverainiste.

Invité à commenter le dossier par La Presse, il s'est montré discret, ne donnant aucune suite à nos appels.

Le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, a refusé de répondre à la demande de MM. Tyler et Goldring, hier. Son bureau a répondu à notre demande d'entrevue par un courriel laconique.

« Nous n'avons pas du tout l'intention de nous mêler de l'élection provinciale », y lit-on.