Deux anciens collègues, mais deux visions désormais inconciliables. Pauline Marois a défendu avec calme son approche consensuelle, alors que François Legault, tenant de la ligne dure, entend mettre au pas la bureaucratie et les syndicats afin de «faire le ménage» qu'il promet aux électeurs québécois.

Le troisième et dernier débat diffusé mercredi soir par TVA était peut-être le plus déterminant puisqu'il présentait les deux chefs qui se disputent la suprématie chez les électeurs francophones. Pauline Marois a joué la carte d'une direction conciliante, en admettant par exemple qu'il était «irréaliste» de promettre de régler les problèmes des urgences. Elle propose plutôt de s'attaquer aux problèmes des personnes âgées en leur trouvant des places.

François Legault a traité son ancienne collègue de «reine du statu quo» incapable d'imposer ses idées aux centrales syndicales. «Avec vous, rien ne va changer, vous avez les deux mains attachées aux syndicats», a lancé M. Legault.

Le temps fort des échanges, souvent musclés: selon François Legault, un gouvernement Marois nous amènerait «avec les caribous dans le ravin» en permettant la tenue d'un nouveau référendum sur la souveraineté.

Le programme péquiste prévoit qu'une pétition signée par 15% de la population, soit 850 000 personnes, pourrait déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec, a rappelé M. Legault. «Ça va être le chaos, 15% de signatures vont déclencher un référendum sur la langue d'affichage, la signature de la Constitution de 1982!» Selon lui, Mme Marois a abdiqué au profit des indépendantistes «radicaux».

Mme Marois n'a pas manqué de rappeler que François Legault en a déjà fait partie. «C'est triste de renier ses convictions, François!» a-t-elle lancé avant de rappeler qu'elle pourrait alors évaluer la situation. L'ADQ, le parti avalé par la CAQ, proposait aussi cette formule. «Il y a toujours une latitude que le gouvernement pourrait établir, cela reste un référendum consultatif», a-t-elle précisé à la suite de l'affrontement, après avoir tergiversé pendant le débat.

Anciens collègues au PQ, les deux adversaires ont étalé leurs échanges au caucus péquiste. Mme Marois s'est interrogée sur le fait que M. Legault ne veuille pas poser de question sur les FIER, dans lesquels le cofondateur de la CAQ, Charles Sirois, avait des intérêts.

Intégrité

Au sujet de l'intégrité, Mme Marois a rappelé que François Legault avait déjà présidé une campagne de financement du PQ, alors que son candidat Jacques Duchesneau soutient que 70% de l'argent amassé par les partis est «sale». «C'est un titre honorifique», a répliqué M. Legault, qui a souligné qu'il n'avait pas à «ramasser les chèques». Les récentes révélations sur le financement de la campagne de Jacques Duchesneau à la mairie, en 1998, n'inquiètent pas le chef caquiste. Il a été blanchi par une enquête du DGE, a assuré M. Legault. Selon Mme Marois, cette enquête ne portait pas sur le financement de son parti, Nouveau Montréal, mais sur le remboursement de ses dettes.

Mme Marois a joué la carte de l'expérience, de la conciliation, rappelant qu'elle avait réduit le nombre de commissions scolaires, sans affrontement avec les syndicats. M. Legault a martelé qu'elle était la marionnette des centrales. «C'est vraiment une obsession!» a répliqué Mme Marois. Elle a rappelé qu'elle ne craint pas de s'«asseoir avec les syndicats pour trouver une solution».

Selon François Legault, il faut faire des compressions dans les dépenses administratives, dans les coûts des ordonnances des pharmaciens et à Hydro-Québec pour remettre plus d'argent dans les services aux élèves, embaucher plus d'orthophonistes et améliorer le soutien aux enseignants.

«Vous voulez mettre 7000 personnes dehors! Pendant que vous vous occupez des structures, je vais m'occuper des enfants», a soutenu Mme Marois. Elle a rappelé que, sans affrontement, elle avait obtenu un amendement constitutionnel qui lui avait permis de réduire de moitié le nombre des commissions scolaires. Selon François Legault, il n'est pas question de mettre les fonctionnaires au chômage. Dans les cinq prochaines années, 21 000 personnes prendront leur retraite, alors 7000 postes pourraient être abolis, a-t-il soutenu.