L'appui de Jacques Parizeau au chef d'Option nationale, Jean-Martin Aussant, a semé l'embarras dans la caravane péquiste samedi.

Pauline Marois a lancé un appel à tous les souverainistes pour qu'ils appuient le Parti québécois, « le seul parti capable de former un gouvernement majoritaire et de remettre le Québec en marche vers la souveraineté ».

Sur son compte son Twitter, Option nationale dit avoir reçu de « nombreux appuis », dont celui de Jacques Parizeau. Une porte-parole a indiqué que M. Parizeau a fait un don de 200$ au parti. Et l'épouse de l'ancien premier ministre, Lisette Lapointe, ex-députée péquiste, a précisé sur Twitter : «Jacques Parizeau appuie Jean-Martin Aussant parce qu'il tient à ce qu'il soit à l'Assemblée nationale». Mme Lapointe donne un coup de pouce à M. Aussant pour favoriser son élection dans Nicolet-Bécancour. Elle fait campagne à ses côtés.

Selon Jean-Martin Aussant, Jacques Parizeau « aime le travail qu'Option nationale fait pour la souveraineté ». « C'est un appui personnel parce qu'il souhaite que je sois réélu. Ce n'est pas le rejet d'un parti », le PQ, a-t-il précisé, reprenant les propos tenus par Lisette Lapointe. Il « espère » que l'appui que M. Parizeau lui accorde « va donner de la crédibilité encore plus » à son parti à l'échelle nationale.

En conférence de presse à Grandes-Piles, la chef péquiste Pauline Marois a affirmé qu'elle « respecte le choix de M. Parizeau ». Mais elle a tenu à lancer un appel « à tous les souverainistes et à tous les progressistes ». « Les gens doivent se mettre devant les faits : le seul parti capable former un gouvernement majoritaire, donc de remettre le Québec en marche vers la souveraineté », c'est le PQ, a-t-elle soutenu. « Si on veut faire avancer notre projet de pays, il me semble qu'on devrait pouvoir compter sur un appui à un gouvernement majoritaire du Parti québécois. »

Questionné pour savoir si elle a invité M. Parizeau à appuyer publiquement le PQ au cours de la campagne, elle a répondu que « des gens près » d'elle ont été « en contact avec ceux et celles qui sont des grands souverainistes », comme l'ancien premier ministre. Elle n'a pas voulu donner le résultat de ces démarches. « Je n'ai pas parlé à M. Parizeau », s'est-elle contentée de dire. Rappelons que lors de la campagne de 2007, au cocktail de financement du PQ dans Bourget, M. Parizeau avait déclaré qu'André Boisclair - alors chef du PQ - a l'étoffe d'un premier ministre. Aux élections de 2008, il avait eu des bons mots pour Pauline Marois lors de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle. Notons que M. Parizeau a donné 500$ au PQ en 2010 ; c'est sa dernière contribution connue au PQ.

Lisette Lapointe a claqué la porte du caucus péquiste en juin 2011. Elle a siégé comme députée indépendante jusqu'au déclenchement des élections. Elle a déclaré au cours de la campagne qu'Option nationale est « le seul parti qui met de l'avant (la souveraineté) et en priorité ».

Jean-Martin Aussant a lui aussi démissionné du caucus péquiste en juin 2011. Le député a fondé par la suite un nouveau parti, Option nationale.

Le PQ est représenté par Gilles Mayrand dans Nicolet-Bécancour. Québec solidaire, un autre parti souverainiste, ne présente pas de candidat contre M. Aussant en vertu d'une entente conclue avec Option nationale ; celle-ci n'en présente pas dans Gouin.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jacques Parizeau, Lisette Lapointe et Pauline Marois, lors du lancement du livre La souverainté du Québec, de M. Parizeau, en 2009.

« Pourquoi je suis craintif »

Dans une vidéo intitulée « Pourquoi je suis craintif », Jean-François Lisée, candidat dans Rosemont, parle ouvertement de ses inquiétudes. Il demande aux souverainistes de se rallier au PQ. C'est un « danger » selon lui que des souverainistes décident de voter pour d'autres partis en constatant que le PQ mène dans les sondages. « S'il manque un comté au Parti québécois pour battre les libéraux et les caquistes, on ne sera pas de bonne humeur personne », affirme-t-il. « Chacun votera selon sa conscience, je comprends ça. Mais sa conscience, c'est aussi d'être content du résultat du 4 septembre. Diviser son vote pour se faire plaisir, ça se peut que ça marche, ça se peut que ça ne marche pas. Il n'y pas de chance à prendre. Il faut s'unir pour un gouvernement majoritaire du Parti québécois. »

Marois dans la circonscription convoitée par Legault

Samedi après-midi, Pauline Marois a fait deux bains de foule dans L'Assomption, où le chef caquiste François Legault se présente. Son entourage s'est défendu d'enfreindre une règle non écrite selon laquelle un chef ne fait pas campagne dans la circonscription d'un autre chef de parti. Il a fait valoir que M. Legault n'est élu, donc qu'il ne représentait pas l'Assomption au moment du déclenchement des élections.

Les deux sorties sans filet de Pauline Marois se sont bien passées. Elle a été bien accueillie.

Plus tôt dans la journée, la chef péquiste a confirmé ses engagements pour relancer l'industrie forestière. Elle a promis d'adopter une charte du bois pour que cette ressource soit davantage utilisée dans les constructions publiques et privées non résidentielles. Un gouvernement péquiste consacrerait 35 millions supplémentaires par année dans les travaux sylvicoles.

CAPTURE D'ÉCRAN

Jean-François Lisée a demandé aux souverainistes de se rallier au PQ dans une vidéo intitulée «Pourquoi je suis craintif».