Si Jacques Duchesneau refuse de prouver publiquement ses allégations de corruption au Parti libéral, c'est parce qu'il n'a aucun fait à présenter, estime Jean Charest.

M. Duchesneau, ex-patron de l'Unité anticollusion devenu candidat de la CAQ, a affirmé qu'il ne peut aller plus loin avec ses allégations parce qu'il n'a pas d'immunité comme lors de son passage devant la commission Charbonneau.

«S'il craint les poursuites, il doit y avoir des raisons pour ça. S'il craint les poursuites, ça doit être parce qu'il n'a pas la conviction que son information est très bonne. Il est en train de faire un aveu», a lancé M. Charest en conférence de presse à Sherbrooke.

Dimanche, le chef libéral mettait M. Duchesneau au défi de faire la preuve de ses allégations. Il l'accusait de faire de la «pure démagogie».

En entrevue au Journal de Québec, M. Duchesneau a répliqué que le chef libéral lui tend un «piège à con». «C'est tout le contraire, s'est défendu M. Charest. Quand on sait des choses, qu'on est sûr de ce qu'on avance, on est capable de le dire. C'est simple comme ça.»

Jacques Duchesneau a reproché aux avocats de la commission -dont ceux du gouvernement- de ne pas lui avoir posé de questions qui l'auraient amené à présenter des faits relativement à ses allégations.

La CAQ fait-elle confiance à la commission?, demande Marois

«Ce que je demanderais à MM. Legault et Duchesneau, c'est: font-ils confiance à la commission Charbonneau?», a réagi Mme Marois, lors de son passage en Gaspésie cet après-midi. «Je trouve cela un peu inquiétant que M. Duchesneau mette en doute la commission Charbonneau», a-t-elle ajouté.

Elle estime que l'ancien patron de l'Unité anticollusion aurait pu donner plus de détails lors de son témoignage.

La chef du Parti québécois assure qu'elle appuiera la commission et appliquera ses recommandations.

En juin dernier, l'avocate du Parti québécois, Me Estelle Tremblay, avait accusé M. Duchesneau de s'être discrédité à la commission Charbonneau. Le lendemain, Mme Marois avait indiqué que l'avocate avait «peut-être poussé un peu trop loin» son interrogatoire.

Me Sylvain Lussier, procureur en chef de la commission, a affirmé aujourd'hui à La Presse que Jacques Duchesneau était «évasif» lors de son témoignage. À la suite de cette remarque, Mme Marois a changé d'idée au sujet du travail de Me Tremblay. «C'est son professionnalisme qui l'a amenée à élever le ton et à être un peu dure. Certains ont dit qu'elle avait fait un peu d'excès de zèle. Mais en même temps, elle était un peu estomaquée de voir les réponses. Peut-être que M. Lussier lui donne raison aujourd'hui.»

Photo: Robert Skinner, La Presse

«Il n'était pas question que je sois un vice-premier ministre comme on l'a connu depuis 30 ans, c'est-à-dire une fonction qui est un peu honorifique», a déclaré Jacques Duchesneau ce matin à la radio.