Si le bureau de vote de votre quartier a ouvert ses portes en retard le 2 mai dernier, vous pouvez probablement blâmer les employés à temps partiel d'Élections Canada qui ont fait la grasse matinée, qui se sont déclarés malades ou qui ont fait faux bond au dernier moment.

Des documents internes de l'agence fédérale montrent que l'absence de ces employés à l'heure prévue a été responsable de dizaines d'ouvertures tardives à travers le pays le jour du scrutin.

Les incidents vont de l'employé qui quitte son poste de travail parce qu'il n'aime pas une collègue à celui qui décide subitement que son salaire horaire de 13$ n'en valait pas la peine.

Au bureau 145, dans la circonscription d'Ottawa-Ouest-Nepean, les deux responsables du bureau ont quitté leur poste le jour même des élections pour des raisons nébuleuses.

Ce bureau a donc été fusionné avec un autre, le 146, doublant la charge de travail qui reposait sur les épaules des employés de ce second bureau.

Cette situation a déclenché le départ d'un responsable du bureau 146.

«Il voulait un salaire plus important parce que les deux bureaux étaient fusionnés et plus de travail devrait être effectué», relate un rapport d'incident.

Un remplaçant a finalement été trouvé, retardant l'ouverture du bureau de 90 minutes.

Au bureau 107, installé sur une réserve amérindienne isolée de la circonscription de Churchill, au Manitoba, la responsable du bureau a eu des problèmes à traverser un cours d'eau sur son chemin, en raison des crues printanières.

Finalement, «la GRC l'a fait traverser et tout était sous contrôle», relate un rapport, soulignant que le bureau a ouvert ses portes avec 30 minutes de retard.

Personne ne touche le gros lot dans ce secteur.

Chaque station de vote a au moins une boîte de scrutin et deux responsables, un scrutateur et un greffier, qui touchent respectivement 204 et 168$ pour 12 heures de travail, plus 3 heures de préparation et de comptage. Aucune pause n'est prévue pour les repas.

C'est peut-être pourquoi une responsable de la circonscription torontoise de Scarborough-Guildwood a simplement omis de se présenter au travail. Le problème? C'est elle qui avait en sa possession la boite de scrutin officiel.

Ce n'est que lorsqu'un message menaçant d'alerter les policiers a été laissé sur sa messagerie vocale que la femme a donné signe de vie.

Dans un autre cas, deux travailleurs ont fermé leur bureau de scrutin pour prendre, sans autorisation, une pause-souper. La Gendarmerie royale du Canada leur a ordonné de reprendre leurs postes.

Un porte-parole d'Élections Canada a affirmé que ces problèmes étaient normaux, puisque quelque 100 000 employés à temps partiel ont été embauchés pour le 2 mai.