En troisième place des intentions de vote, le chef libéral refuse de s'avouer vaincu : la campagne est loin d'être jouée et les sondages ne sont que des détails, a lancé Michael Ignatieff mercredi.

Journée de 18 heures, discours de Jean Chrétien ce soir à Toronto, lettre au Québécois, lettre aux sympathisants du NPD par deux anciens premiers ministres néo-démocrates maintenant dans l'équipe libérale... Les libéraux sont passés en quatrième vitesse, mercredi, pour tenter de gagner des sièges ou, à tout le moins, de sauver les meubles.

«Ce n'est pas terminé, a lancé Michael Ignatieff lors d'un point de presse à Sault-Ste-Marie. Nous sommes au milieu de la troisième période, ici. Et je suis absolument convaincu que les Canadiens vont se réveiller le 2 mai et se dire : nous avons besoin d'un gouvernement.»

Un sondage Angus Reid publié dans La Presse ce matin place pourtant son parti en troisième position avec 22 % des intentions de vote, derrière le NPD (30 %) et le Parti conservateur (35 %).

Malgré ces résultats et les mines basses dans son entourage, Michael Ignatieff dit rester confiant et accélère la cadence. «Ce n'est pas représentatif de la réalité, a-t-il affirmé. Le Parti libéral va se présenter le 2 mai. C'est ce qui importe. Tout le reste, ce sont des détails.»

Le chef libéral entend passer les jours qui restent à fouetter sa base, entre autres, en espérant pouvoir mieux faire «sortir son vote» que le NPD. Il continue à présenter son parti comme la seule option valable pour remplacer le gouvernement Harper.

Choix remis en question

Le discours de l'ancien premier ministre Jean Chrétien à Toronto mercredi soir pourrait être utile à cet égard. «M. Chrétien est là pour rappeler aux Canadiens qu'il a bien gouverné le pays. Il a sorti le pays du trou Mulroney et il va dire aux Canadiens je crois que nous, les libéraux, allons sortir le pays du trou Harper», a prédit M. Ignatieff.

Par ailleurs, le parti a publié deux lettres depuis hier. L'une d'elles, une pleine page dans des quotidiens du Québec, s'adresse directement aux Québécois pour leur demander de voter libéral pour remplacer Stephen Harper. L'autre a été écrite par Ujjal Dosanjh et Bob Rae, deux anciens premier ministres néo-démocrates de la Colombie-Britannique et de l'Ontario. Ils y mettent les Canadiens en garde contre les risques associés à un vote pour le NPD.

MM. Rae et Dosanjh ne sont pas les seuls à formuler des mises en garde contre la montée des troupes de Jack Layton. Des analystes de Bay Street ont eux aussi émis des signaux d'alarme au cours des derniers jours quant aux impacts d'un tel changement politique sur les marchés et l'économie.

Mais Michael Ignatieff a refusé de se servir de cette perche pour attaquer ses rivaux. «Les chiffres de M. Layton ne tient pas la route. Et bien sûr, il fait peur aux gens. Mais j'ai mené une campagne basée sur l'espoir et sur le positif», a-t-il répondu à une journaliste qui lui demandait pourquoi il ne sautait pas plutôt sur l'occasion.

Entre deux joints...

Le choix de son activité de mercredi matin à Sault-Ste-Marie a aussi été remis en question : le chef libéral a participé à une séance de questions-réponses dans une polyvalente de la ville ontarienne. En point de presse par la suite, il a évité d'expliquer pourquoi il avait choisi de passer autant de temps avec des jeunes qui n'auront pas le droit de voter, à quelques jours du 2 mai.

M. Ignatieff n'a toutefois pas évité toutes les questions : dont celles sur la légalisation de la marijuana, posées par deux élèves. Comme il l'avait déjà dit plus tôt dans la campagne, il a expliqué qu'il était en faveur de la décriminalisation, mais contre la légalisation. Il a dit craindre les conséquences néfastes et inconnues liées à cette deuxième option, tandis qu'il souhaite éviter que des jeunes fassent de la prison ou aient un dossier criminel s'ils se font arrêter avec des petites quantités de cannabis.

Questionné par la suite en point de presse pour savoir s'il avait lui-même déjà fumé du pot, il a répondu par l'affirmative. «J'ai fumé du pot comme jeune homme, oui, a-t-il dit. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'exhorte les jeunes de ne pas répéter l'expérience.»

«Ça n'a pas ruiné ma vie ! a-t-il précisé. Je pense seulement qu'il y a des choses beaucoup plus importantes et intéressantes à faire avec votre vie - incluant un verre de vin après le souper ! Relaxons un peu...»