Jack Layton a passé le dernier jour de campagne à prêcher aux convertis et à s'assurer que les appuis du Nouveau Parti démocratique (NPD) se traduisent en vote dans les isoloirs, ce mardi.

Le dernier sondage La Presse Canadienne-Harris-Décima, publié lundi, laisse croire que le NPD et le Bloc québécois étaient les deux seuls partis en ascension à la veille du scrutin.Mais cette poussée accorderait au mieux à Jack Layton une poignée de sièges de plus que les 30 que le NPD détenait à la dissolution de la Chambre des communes. Cela ne ferait pas du chef néo-démocrate le futur premier ministre, ni même le chef de l'Opposition officielle.

Le refrain que M. Layton a entonné tout au long de la campagne selon lequel il voulait décrocher le poste de premier ministre a été éclipsé en fin de semaine par un message économique destiné à l'électorat naturel du NPD: les familles de travailleurs et les électeurs de la classe moyenne.

Le chef néo-démocrate a minimisé les résultats des sondages, soutenant qu'ils donnaient rarement un portrait fidèle du choix des électeurs dans l'isoloir. Il a refusé de spéculer sur une quelconque coalition de partis pour bloquer les conservateurs, repoussant ces questions au lendemain des élections.

M. Layton s'est attardé lundi à vouloir faire sortir le vote dans plusieurs circonscriptions de la région de Toronto.

Devant une centaine de militants à Oshawa, en Ontario, une ville durement touchée par les pertes d'emplois dans le secteur automobile, M. Layton a soutenu que les Canadiens devaient déterminer qui allait le plus travailler dans leur intérêt.

Le chef néo-démocrate a refusé de concéder que son parti ne formerait pas le prochain gouvernement.

«Oh, avez-vous déjà compté les bulletins de vote?, a-t-il lancé aux journalistes. Il y a toujours une bonne explication pourquoi les résultats électoraux ne sont pas conformes aux sondages. J'ai hâte d'entendre la vôtre mercredi matin.»

Lors des deux dernières campagnes électorales fédérales, M. Layton a vu certains de ses partisans se tourner vers les libéraux en fin de course dans la crainte de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire.

Il ne semble pas que ce soit le cas cette fois.

Le président de Harris-Décima, Bruce Anderson, a dit croire que le crédit revenait en grande partie au message plus positif et plus soigné de M. Layton - ouvertement inspiré de celui du candidat démocrate à la présidentielle américaine Barack Obama.

Qui plus est, les Canadiens semblent peu emballés par les campagnes du chef conservateur Stephen Harper et du chef libéral Stéphane Dion, a indiqué M. Anderson.

«Les solutions de rechange pour plusieurs électeurs ne sont pas attrayantes. Même s'ils trouvent que M. Layton manque parfois de réalisme, ce n'est pas assez pour ébranler les appuis du NPD comme par le passé», a-t-il soutenu.

La crise sur les marchés boursiers, les problèmes du secteur manufacturier en Ontario et l'incertitude générale sur l'économie ont aussi contribué à l'ascension du NPD.

Cela a donné la chance au chef néo-démocrate de présenter M. Harper comme un politicien déconnecté et insensible aux préoccupations des citoyens ordinaires et des familles de la classe moyenne.