À deux jours du vote, Stéphane Dion a lancé son appel le plus fort depuis le début de la campagne à la chef du Parti vert, Élizabeth May, et à ses électeurs pour qu'ils joignent leurs forces au Parti libéral dans le but d'unir le vote progressiste pour battre Stephen Harper.

« Vous pouvez compter sur Elizabeth May et moi pour être honnête avec les Canadiens. En joignant nos forces, nous pouvons battre Stephen Harper et donner au Canada le premier ministre le plus vert possible! », a-t-il lancé lors d'un discours partisan à Orléans, en banlieue d'Ottawa.

Cet appel du chef libéral a suivi une journée de diffusion de messages contradictoires provenant du camp des verts. Une dépêche de la Presse canadienne a cité Mme May comme ayant dit, lors d'une entrevue : « Il n'y a aucun doute que dans certaines circonscriptions où vous pourriez vouloir voter vert, vous devriez voter NPD pour empêcher les conservateurs de gagner et dans certaines circonscriptions, vous devriez voter libéral pour empêcher les conservateurs de gagner ».

Mais Mme May a nié ces informations. Dans un communiqué envoyé plus tard dans la journée, elle a déclaré pour la deuxième fois cette semaine qu'elle ne demanderait pas de vote stratégique à ses électeurs. « Pour être honnête avec les électrices et les électeurs, j'admets qu'il existe certaines inquiétudes au sujet du panachage dans un certain nombre de circonscriptions, mais je ne dirai jamais : votez libéral ici, votez NPD là », a-t-elle déclaré.

La chef du Parti vert reprenait en substance les propos tenus samedi soir lors d'un entretien téléphonique avec La Presse. « Je ne donnerai pas de mot d'ordre au niveau du vote stratégique, a-t-elle alors précisé. La décision revient aux différentes circonscriptions. »

Trois scientifiques gagnants du prix Nobel de la paix en 2007 avaient quelques heures plus tôt eux aussi lancé un appel aux verts pour qu'ils se rangent derrière le Parti libéral dans quelque 50 circonscriptions du pays. « Ils disent donc qu'il y a quand même 260 circonscriptions où le meilleur choix est de voter vert », a simplement réagi Mme May.

Mais Stéphane Dion, dont la bonne performance mardi dépendra en large partie de la consolidation de l'électorat situé à gauche du spectre politique, n'est pas passé par quatre chemins, hier, et a carrément appelé les verts à la rescousse de son idéal canadien, «plus juste, plus riche et plus vert».

«Quand vous avez 250 économistes qui disent que nous avons le meilleur plan pour l'économie, quand vous avez des gagnants du prix Nobel sur les changements climatiques qui disent que nous avons le meilleur plan pour lutter contre les changements climatiques... C'est une large coalition, bien au-delà de la politique partisane, a-t-il dit. Pouvons-nous travailler ensemble pour commencer dès maintenant?»

« Elizabeth May a dit et elle l'a répété aujourd'hui, que pour le bien du Canada, elle veut que je devienne premier ministre », a déclaré M. Dion.

« Elle a dit à Jack Layton d'arrêter de placer son propre intérêt personnel avant celui du climat et de la planète», a-t-il poursuivi.

« Misez sur le vert, votez rouge! », a conclu M. Dion, reprenant un slogan qu'il martèle depuis plusieurs jours, et qu'il risque fort de répéter encore d'ici à mardi.