C’est au tour des 66 500 enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) de se joindre ce jeudi au grand mouvement de grève du réseau de l’éducation et du secteur public en général. Ces profs s’engagent dans une grève générale d’une durée indéterminée. Les écoles seront fermées, ce qui laisse d’autres travailleurs dans l’inconnu.

Ce qu’il faut savoir

  • Les écoles publiques du Québec sont fermées pour la troisième journée d’affilée, ce jeudi, en raison de la grève du Front commun intersyndical.
  • Les enseignants membres de la FAE entament quant à eux une grève générale illimitée. Ce sont des profs de Montréal, mais aussi de Québec, de Laval, de l’Outaouais, des Laurentides et de l’Estrie.
  • Des employés de sous-traitants de centres de services scolaires subissent les contrecoups de la fermeture des écoles.

Les enseignants de toutes les écoles publiques du Québec sont en grève ce jeudi, puisque ceux représentés par la FAE se joignent à ceux du Front commun.

Or, ils exercent leur mandat de grève générale illimitée au moment où, dit la présidente de la FAE, les négociations avec Québec ne vont pas rondement.

« Pas mal tout achoppe encore à la table de négos », dit Mélanie Hubert.

« Sur certains sujets, on a réussi à mieux se comprendre, parfois à se rapprocher, mais ça reste encore difficile », poursuit-elle.

Selon la présidente de la FAE, Québec refuse « des solutions qui ne coûtent rien et qui ne demandent pas de personnel ».

« On se bute à une opposition catégorique », dit Mélanie Hubert, par exemple sur la possibilité pour les enseignants de faire du télétravail pendant les journées pédagogiques.

« C’est refusé alors que ça ne coûterait rien », déplore-t-elle.

À midi ce jeudi, des membres de la FAE de partout au Québec se réuniront au parc Jarry, à Montréal, d’où partira une grande marche. Les syndicats attendent des dizaines de milliers de personnes. De leur côté, les syndiqués du Front commun marcheront à partir du collège de Maisonneuve dès 10 h, « point culminant de trois jours de débrayage ».

À quoi doivent s’attendre les parents d’élèves dont les écoles sont fermées pour « une durée indéterminée » en raison de la grève de la FAE ? La présidente du syndicat dit qu’elle « garde espoir ».

« Est-ce que ça va être long ? Peut-être. Mais ce qu’on se dit, c’est que les écoles fermées dans les grands centres urbains du Québec, ça ne pourra pas durer éternellement. C’est sûr que ça va exercer une pression pour qu’il y ait des avancées aux tables et qu’on réussisse à faire avancer les choses. Nos membres nous disent qu’ils sont prêts à tenir le temps qu’il faudra », dit Mélanie Hubert.

Les syndiqués de la FAE n’ont pas de fonds de grève, à l’instar de plusieurs autres syndiqués du réseau de l’éducation membres du Front commun.

Inquiétudes dans les écoles

Une grève de plusieurs semaines encore ? Des travailleurs qui ne sont pas employés des centres de services mais dépendent des écoles pour gagner leur vie s’inquiètent de la suite des choses.

C’est le cas d’une employée d’un important service de traiteur, sous-traitant dans les écoles.

Cette femme se rend chaque jour dans une école de Laval pour préparer des repas, mais comme ses collègues de 43 autres écoles, elle ne travaille plus depuis mardi. Elle a demandé de ne pas être nommée parce qu’elle craint de perdre son emploi.

« Il y a des professeurs qui disent que ça pourrait aller jusqu’à Noël, ça me fait paniquer un peu », dit-elle. Son salaire horaire est de 19 $. Contrairement à plusieurs autres de ses collègues, elle s’estime chanceuse d’avoir travaillé assez d’heures pour faire une demande de prestations auprès de l’assurance-emploi.

Les traiteurs Sodexo et Compass n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue, mercredi.

Copropriétaire du service de traiteur Les petits chefs, à Longueuil, Vanessa Lessard livre des repas dans une cinquantaine d’écoles. Des commandes ont été annulées en raison des trois jours de grève du Front commun, mais son entreprise a misé sur la diversification et vend des repas en épicerie et dans les garderies.

On ne revit pas la même chose qu’avec la COVID, mais ça nous rappelle de mauvais souvenirs.

Vanessa Lessard, copropriétaire du service de traiteur Les petits chefs

Elle a néanmoins une pensée pour les services de traiteur qui n’ont comme clients que les écoles. « Je n’aimerais pas être dans leurs shorts actuellement. Quand tu n’as pas de contrôle sur la situation, c’est quelque chose… »

Au centre de services scolaire de Montréal, on indique qu’aucun des membres du personnel de soutien ou du personnel professionnel qui a actuellement un poste ou une affectation ne sera pénalisé par la grève du personnel enseignant.

« Ils seront rémunérés comme le prévoit leur contrat de travail et fourniront leur prestation de travail selon ce qu’ils seront capables de fournir en fonction de leur corps d’emploi », écrit son porte-parole, Alain Perron.

La porte-parole du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, Valérie Biron, indique elle aussi qu’il n’y a eu aucune mise à pied temporaire en raison de la grève.