La Sûreté du Québec (SQ) dit avoir entamé des démarches pour empêcher la vente aux enchères de la locomotive principale du «train à la dérive» qui a explosé à Lac-Mégantic le 6 juillet 2013.

Selon une porte-parole de la police provinciale, Christine Coulombe, des enquêteurs ont pris des mesures afin de bloquer la vente aux États-Unis jusqu'à la fin des procédures judiciaires dans cette affaire. Elle n'a pu fournir plus de détails mercredi.

La locomotive 5017 de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) doit être vendue au plus offrant le 5 août au Derby Rail Yard à Milo, dans le Maine.

La maison de vente aux enchères n'a pas encore reçu de demandes spécifiques sur la funeste locomotive, mais l'événement devrait attirer plus de spectateurs qu'à l'habitude, estime Adam Jokisch, le président de la société Adam's Auction & Real qui s'occupe de la vente aux enchères.

M. Jokisch a affirmé qu'il irait de l'avant avec cette vente à moins qu'un responsable lui demande de mettre fin aux procédures. Il a affirmé mercredi après-midi n'avoir pas été contacté par les autorités policières du Québec.

«Au moment exact où je vous parle, (la locomotive) fait partie de la vente et sera vendue aux enchères, a-t-il déclaré. Si quelque chose arrive d'ici le moment de la vente? Je ne sais pas. Je ne suis que le commissaire-priseur et elle fait partie des objets que nous allons vendre. Si quelqu'un vient nous la confisquer, nous ne le ferons pas.»

Un porte-parole du créancier de la MMA, la Banque d'épargne de Bangor, dans le Maine, avait confirmé à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine s'être assuré que les autorités n'avaient plus besoin de la locomotive. Il n'était pas disponible pour répondre aux questions après l'annonce de la SQ.

La mise de départ pour cette locomotive impliquée dans la pire tragédie ferroviaire de l'histoire du pays a été établie à 10 000 $ US (10 667 $ CAN).

Yannick Gagné, propriétaire du Musi-Café de Lac-Mégantic, incinéré dans la tragédie l'an dernier, a pour sa part confié à La Presse Canadienne qu'il serait aussi à l'aise de voir la locomotive exposée dans un musée qu'être envoyée à la ferraille.

M. Gagné a fait ce commentaire, mercredi, quelques heures avant l'annonce de la SQ au sujet des enchères.

Il a également indiqué qu'il lui serait aussi égal que la locomotive soit remise sur les rails.

«Qu'elle reprenne le travail ou non, ça ne change rien pour nous, a déclaré M. Gagné. La détruire ne dérangerait pas vraiment les gens parce que nous avons déjà tout perdu, tout a brûlé.»

M. Gagné croit que les résidents de Lac-Mégantic pourraient, avec le temps, être ouverts à l'idée que la locomotive soit un jour exposée à titre d'objet historique, en autant que ce soit fait de manière respectueuse.

«En ce moment, nous ne voulons pas en entendre parler, a-t-il admis. Mais dans l'avenir, il pourrait s'agir d'un objet faisant partie de l'Histoire, même si c'est négatif. Un peu comme les morceaux du World Trade Center et ce qui restait après cette tragédie.»

Un porte-parole de la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, a indiqué mercredi que celle-ci ne ferait aucun commentaire sur la vente ou sur l'avenir de la locomotive.

Un porte-parole du plus grand musée ferroviaire du Canada, l'Exporail de Saint-Constant, estime pour sa part que la possibilité d'exposer un jour la locomotive 5017 demeurait «hypothétique».

«La locomotive ne fait pas partie de notre liste de locomotives à préserver, a-t-il dit. Si elle nous était donnée, (cette possibilité) devrait être étudiée et autorisée par le comité responsable des collections, puis acceptée par le conseil d'administration (de l'Association canadienne d'histoire ferroviaire).»

Le déraillement et l'explosion du convoi pétrolier de la MMA a fait 47 victimes à Lac-Mégantic.