Une rue commerciale remise à neuf entourée d'un grand parc sillonné de pistes cyclables et de sentiers pédestres prendra la place du centre-ville de Lac-Mégantic anéanti par les flammes, ont annoncé hier soir les autorités municipales et leurs urbanistes.

Presque un an après la tragédie ferroviaire qui a coûté la vie à 47 personnes, les citoyens de la ville étaient fixés pour la première fois sur le visage qu'aura le coeur de leur communauté. Ce plan préliminaire est toutefois appelé à être précisé.

«Ce sera un centre-ville habité, un centre-ville pour les citoyens et qui permet aux jeunes comme aux moins jeunes de se retrouver», a résumé Stéphane Lavallée, qui anime le processus de consultation. Il a aussi souligné la présence importante de la nature près de la rue principale.

«Les grands usages sont définis, a ajouté le consultant. Est-ce qu'il y aura un peu plus de l'un, un peu plus de l'autre? En tout cas, les gros morceaux sont là.»

Au menu: beaucoup plus d'espaces verts qu'auparavant et un accès accru au lac Mégantic. La voie ferrée sera enjambée par des passerelles, mais tous espèrent qu'à terme, une voie de contournement sera bâtie afin que les trains évitent complètement le centre-ville.

Plusieurs centaines de Méganticois s'étaient déplacés pour entendre la présentation d'hier. Certains en étaient à leur troisième ou quatrième participation à un événement de discussion organisé par la ville. La mairesse Colette Roy-Laroche, elle, a dû s'absenter en raison de l'état de santé de son époux.

Aux murs de l'immense gymnase du centre sportif de la ville, on avait affiché des dizaines de dessins d'enfants, qui avaient eux aussi été invités à réinventer leur centre-ville.

Éloges et points faibles

Les citoyens ont été appelés à commenter la proposition. Le maintien de l'axe de la rue principale et l'amélioration de l'accès au lac se sont attiré les éloges des participants. «Le point faible, c'est qu'on a trouvé que le centre-ville est très éparpillé», a nuancé Denis Bolduc, un commerçant de la communauté.

«Je pense qu'on devrait respecter nos vieux bâtiments», a ajouté Jeannine Roy, une Méganticoise qui craint qu'on ne démolisse les commerces et les résidences contaminés mais viables. «Je ne pense pas que notre région a les moyens de se débarrasser de bâtiments qui sont encore bons.»

Un mémorial «sobre» et «discret, pas nécessairement omniprésent», sera installé là où les murs du Musi-Café se dressaient jusqu'à l'accident, a indiqué Stéphane Lavallée. C'est dans ce bar - complètement détruit lors de la déflagration - qu'une bonne partie des victimes de la tragédie a perdu la vie dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013.

Des espaces verts

Le plan présenté hier fait la part belle à la végétation et au lac Mégantic. Les urbanistes font le pari que la qualité de vie s'en trouvera améliorée et que le paysage attirera les visiteurs. Avant la tragédie, le centre-ville de Lac-Mégantic était reconnu comme un bel exemple de conservation du patrimoine architectural du début du siècle dernier. L'industrie touristique y était importante.

Le projet transposé sur les grandes cartes distribuées aux citoyens entoure la principale artère commerciale de la ville - la rue Frontenac - d'une ceinture verte qui l'isole du reste de la ville.

Les urbanistes ont aussi imaginé bon nombre de corridors visuels vers le lac Mégantic, alors que le plan d'eau était quasi impossible à contempler depuis la rue Frontenac, avant la tragédie. Une «forêt urbaine» pourrait aussi voir le jour.

Trop d'espaces verts? Des citoyens qui résidaient tout près de la rive du lac se sont dits inquiets. Patrice Laframboise, l'un de ces citoyens, a dit vouloir «retrouver l'entièreté du quartier». Si le plan préliminaire se concrétise, «j'échangerais un voisin contre un arbre», a-t-il déploré.

L'inauguration d'une plage de sable sur le bord du lac Mégantic a attiré des commentaires partagés. L'idée d'un «jardin des étoiles», soit une plateforme d'observation du ciel munie de chaises longues, a reçu un accueil favorable.