Il était grand le mystère de la foi, ce matin, pour les dizaines de paroissiens réunis pour une première messe du dimanche depuis que 50 de leurs concitoyens sont morts à l'ombre de leur église, à Lac-Mégantic.

Les prêtres ont choisi d'omettre le «Gloire à Dieu» et de ne pas aborder de front la tragédie ce matin. «Notre souci pastoral est de faire naître de l'espérance, a affirmé l'abbé Steve Lemay après la messe. Sans nier ce qu'on a vécu, il faut prendre un peu de recul. Ça se remarque dans la liturgie aussi. Habituellement on chante le Gloire à dieu, on ne l'a pas fait cette semaine.»

 

La célébration a attiré des proches de personnes disparues -reconnaissables aux larmes qui coulaient sur leurs joues- et beaucoup d'habitués de la grande église Sainte-Agnès, située tout près de la «zone rouge».

 

«Des membres de la famille qui habitent à l'extérieur et d'autres personnes sont venues exprimer leur solidarité», a observé le jeune prêtre, qui a reçu tellement de témoignages de sympathie qu'il n'est toujours pas parvenu à lire chacun d'eux.

 

«Malgré la tristesse et les craintes qu'on a eues, je suis content de revoir mon monde après les inquiétudes. Les proches et les disparus ont tellement besoin de force», a-t-il dit.

 

La choriste qui a entonné les chants religieux -une habituée des messes- a reçu carte blanche pour le choix des airs.

 

«C'était difficile, mais le Seigneur nous donne la force de faire ce qu'il y a à faire pour la communauté, a affirmé Nicole Turcotte, qui a elle-même été évacuée pendant plusieurs jours. Ça nous prend au coeur, c'est tout notre monde qu'on essaie de ramener à une vie normale.»

 

La paroisse prépare actuellement une cérémonie commémorative pour les victimes. Pour celle-ci comme pour les funérailles, le prêtre assure qu'il sera à l'écoute des familles. Par son âge, il dit avoir une certaine proximité avec les victimes, dont plusieurs sont dans la vingtaine.

 

«Ce qui me touche le plus, c'est l'absence de mots pour nommer la souffrance, l'absence de mots pour l'apaiser, a laissé tomber le prêtre. Et la solidarité, l'unité dont les gens font preuve.»