Critiqué pour avoir autorisé la Montreal, Maine&Atlantic Railway à faire fonctionner des trains de marchandises avec un seul conducteur, Transports Canada a accordé il y a deux mois une exemption à la société aérienne WestJet pour qu'elle réduise ses équipages.

La loi prévoit qu'il faut un agent de bord tous les 40 sièges, mais le transporteur peut désormais fonctionner avec un agent de bord pour 50 sièges.

Dans un appareil de 120 places, l'entreprise peut ainsi réduire son équipage de quatre personnes à trois.

« Transports Canada a étudié attentivement la demande d'exemption présentée par WestJet, et le Ministère est confiant que la sécurité sera maintenue », a-t-on indiqué au Ministère jeudi.

Ottawa compte bientôt modifier les règles pour faire en sorte que tous les transporteurs aériens puissent réduire leurs équipages.

Cette perspective inquiète le milieu syndical.

« Que ce soit pour le train ou que ce soit pour l'aviation, j'ai l'impression qu'on favorise les profits des entreprises », dénonce Michel Cournoyer, président du secteur du transport aérien au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

« Ça réduit la sécurité des passagers », ajoute-t-il.

Il note que dans le vol Asiana 214 qui s'est écrasé à San Francisco samedi dernier, le ratio de passagers par agent de bord était de 24 pour 1. Deux personnes ont péri dans cet accident, alors que la très grande majorité des 291 passagers ont pu être évacués, quoique certains aient subi des blessures.

Une norme internationale

Pour sa part, WestJet fait valoir que le ratio de 50 sièges par agent de bord est une norme internationale reconnue par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), un organe des Nations unies.

« La théorie selon laquelle le ratio de 1: 50 compromettrait la sécurité publique est complètement sans fondement, affirme le porte-parole de l'entreprise, Robert Palmer. Le ratio de 1: 50 est la norme mondiale depuis des décennies et des passagers prennent chaque jour des vols avec ce ratio. »

L'ancien ministre conservateur des Transports, Lawrence Cannon, a refusé de permettre aux transporteurs de réduire leurs équipages en 2006. Lors d'un débat aux Communes, il a souligné «l'importante contribution qu'apportent les agents de bord, notamment en ce qui concerne l'évacuation ordonnée des aéronefs ».

Selon la critique néo-démocrate en matière de Transports, Olivia Chow, les exemptions accordées par Transports Canada à la MMA dans le domaine ferroviaire et à WestJet dans l'aviation présentent des similitudes.

« Il n'y a pas d'analyse de sécurité, pas de discussion publique, déplore-t-elle. Ces décisions sont prises derrière des portes closes sans discussion au Parlement. »

Quelques semaines après qu'Ottawa eut accordé une exemption à WestJet, Air Canada a formulé la même demande que sa rivale.

La porte-parole du transporteur aérien, Isabelle Arthur, affirme que la demande lui permettra de rester compétitif sur le plan des coûts d'exploitation.

« Elle ne compromet d'aucune façon la priorité absolue d'Air Canada, c'est-à-dire la sécurité des passagers et des membres d'équipage », a affirmé Mme Arthur.