Les libéraux de Michael Ignatieff se prononceront pour le prolongement de la mission en Afghanistan et contre une motion du Bloc québécois qui réclame le retrait des troupes en 2011 comme prévu.

Les libéraux ont fait valoir, à l'issue de la réunion de leur caucus mercredi, qu'ils seraient unis derrière la position de leur chef, au moment du vote sur la motion bloquiste, la semaine prochaine.

Le Bloc québécois a choisi de s'attaquer, pour sa journée d'opposition jeudi, au prolongement de la mission militaire en Afghanistan au-delà de la date de retrait qui avait été fixée à 2011 par le parlement.

Le premier ministre Stephen Harper a annoncé, il y a 10 jours, qu'il maintiendrait un millier de soldats en sol afghan jusqu'en 2014, afin de poursuivre l'entraînement de l'armée et de la police du pays.

Bloquistes et néo-démocrates, qui exigent le retrait complet des Forces canadiennes en 2011 comme prévu, réclament depuis un débat en Chambre et un vote sur la question.

Les conservateurs, appuyés par les libéraux, répliquent cependant qu'il ne s'agit pas d'une mission de combat et qu'un vote aux Communes n'est pas nécessaire. Un discours repris par le premier ministre, mercredi aux Communes.

«Les deux tiers de nos soldats reviendront l'an prochain et la mission de combat prendra fin, mais ceux qui resteront continueront de faire leur bon travail», a plaidé M. Harper.

Le Bloc québécois a cependant choisi de forcer les choses, en appelant les parlementaires à se pencher sur la question jeudi.

À la veille du débat, le chef libéral a annoncé que son parti s'opposerait à la motion bloquiste, qui demande que la Chambre «condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu'en 2014».

Les troupes libérales ont été divisées, en privé, quant au prolongement de la présence militaire. Mais mercredi, Michael Ignatieff a soutenu que son parti serait uni au moment de voter. Et il s'agira d'un vote libre, selon les libéraux.

«On n'a pas pris position hier, pas avant hier, mais au mois de juin. On a pensé que c'était la position responsable d'un parti qui a eu l'expérience du gouvernement de proposer une mission de formation», a plaidé M. Ignatieff, à sa sortie des Communes.

Le chef libéral avait lui-même proposé le maintien de troupes en Afghanistan à des fins d'entraînement, lors d'un discours pour présenter son programme de politique étrangère.

Lorsque le premier ministre Harper a confirmé sa décision d'aller de l'avant avec cette alternative, la semaine dernière, Michael Ignatieff l'a appuyé, en défendant que c'était sa position depuis six mois.

Mais une poignée de membres de son caucus l'avaient critiqué, en privé, au lendemain de la présentation du plan des conservateurs pour la mission canadienne post-2011, en déplorant que la décision ait été prise sans consultation.

Ces divisions s'étaient toutefois estompées, à la réunion du caucus mercredi matin, où ce sont plutôt les dénonciateurs de la semaine dernière qui ont été critiqués et menacés par leur chef d'être exclus du caucus, selon des sources.

Le Parti libéral estime qu'avec sa motion, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, «joue à un jeu politique», un «luxe» qu'il peut se payer car il ne formera jamais le gouvernement du Canada, a accusé le libéral David McGuinty.

Or, selon le Bloc et le NPD, ce sont les libéraux qui sont dans le tort, en appuyant la promesse brisée du premier ministre, qui s'était engagé à demander l'avis de la Chambre en cas de déploiement militaire.

«C'est une nouvelle coalition, conservateurs et libéraux, qui ne respecte pas la parole donnée», a dénoncé le chef bloquiste, qui rappelle les propos du premier ministre dans sa motion.

«Nos troupes en ont fait assez. (...) Il est temps de ramener nos troupes à la maison et d'adopter une toute nouvelle approche en Afghanistan», a quant à lui réclamé le leader néo-démocrate, Jack Layton.

Si les libéraux ont présenté un front uni, quant au prolongement de la mission en Afghanistan, le parti a néanmoins semblé sentir le besoin de justifier sa position.

Les libéraux ont dépêché trois de leurs députés dans trois villes canadiennes, mercredi, pour présenter la stratégie en matière de politique étrangère du parti et invoquer la tradition de maintien de la paix de l'ancien premier ministre libéral Lester B. Pearson.

«Notre position à l'égard de l'Afghanistan repose sur un principe: lorsque la paix est en jeu, nous répondons à l'appel. Nous sommes en Afghanistan pour la même raison que Lester Pearson y serait: dans le but de faire avancer la cause de la paix», a argué le porte-parole du parti en matière d'affaires étrangères, Bob Rae.

Citant les principes mis de l'avant par M. Pearson, M. Rae et ses collègues -déployés à Toronto, Ottawa et Halifax- ont tour à tour tracé le parallèle entre la position des libéraux sur la mission en Afghanistan et celles défendues à l'époque par cet acteur respecté du Parti libéral qui a prôné le maintien de la paix.