L'année 2009 commence comme la précédente s'est terminée pour les troupes canadiennes en Afghanistan, où un 107e soldat a été tué par un engin explosif improvisé (EEI) hier matin. Trois autres militaires ont été blessés.

Le cavalier Brian Richard Good, des Royal Canadian Dragoons, unité rattachée à la base de Petawawa, a péri lorsque son véhicule blindé a touché un EEI. Son convoi circulait dans le district de Shah Wali Kowt, à 35 kilomètres au nord de Kandahar.

L'homme de 42 ans était marié et père de deux filles. «Il parlait souvent d'elles», a déclaré le colonel Jamie Cade, commandant adjoint des forces internationales déployées dans la région de Kandahar. «Brian Good était un gars facile d'approche et qui aurait fait n'importe quoi pour quiconque», a poursuivi l'officier.

La mort du militaire s'ajoute à celles de neuf autres soldats canadiens depuis le 5 décembre dernier. Dans tous les cas, les décès sont attribuables aux EEI, ces bombes artisanales fabriquées de 1001 façons et cachées le long des routes, des champs et des fossés où les militaires font des patrouilles.

L'événement d'hier est survenu vers 8h, heure locale. Selon les Forces canadiennes, les trois autres soldats blessés ont pu être conduits par hélicoptère à l'unité médicale internationale de l'aérodrome de Kandahar. Ils sont en bonne condition.

Un effet terrible

D'aucuns, chez les observateurs de la mission, reconnaissent l'effet terrible et efficace qu'ont les engins explosifs improvisés sur les opérations militaires menées depuis l'intervention américaine en Afghanistan en octobre 2001.

«Les EEI sont terriblement efficaces pour les insurgés, observe Steven Staples, président de l'Institut Rideau, organisme spécialisé dans les affaires internationales et assez critique de la mission canadienne. La présence de ces engins a pour effet de ralentir le travail des militaires. Cela peut devenir démoralisant sur les troupes qui perdent des hommes sans jamais affronter un ennemi.»

Pourtant, l'armée canadienne a investi beaucoup de temps et d'argent au cours des derniers mois pour l'acquisition d'équipements et de technologies permettant de détecter ces engins. Pour le colonel Cade, les soldats réussissent à en désamorcer davantage qu'il n'en explose. Mais force est de constater que les EEI demeurent très meurtriers.

Pour Yves Bélanger, professeur de sciences politiques et spécialiste des questions militaires à l'Université du Québec à Montréal, les soldats se débarrasseront très difficilement des EEI, à moins d'effectuer une opération terrestre majeure qui permettrait de nettoyer les caches d'armes.

Si une telle opération survenait, dit-il, elle serait vraisemblablement menée sous l'égide des États-Unis.

Or, on sait que le président désigné Barack Obama a l'intention d'augmenter la présence américaine en Afghanistan. Mais on ne sait pas encore comment se feront les déploiements ni quels rôles seront dévolus à ces renforts.