Plusieurs chefs de pompiers du Québec militent depuis quelques années pour le regroupement des petits services d'incendie en région pour créer de plus grandes structures, sous la gouverne des MRC par exemple, afin qu'ils soient mieux organisés et plus efficaces.

Un tel scénario est d'ailleurs dans les plans de la MRC de Rivière-du-Loup, dans laquelle se trouve L'Isle-Verte, mais tarde à voir le jour.

«C'est certain qu'un regroupement va nous aider à être plus efficaces. On a quelqu'un à la MRC qui travaille là-dessus. Un projet est en marche pour regrouper cinq paroisses. Mais les dernières élections municipales ont chambardé ça», a expliqué le chef des pompiers de L'Isle-Verte, Yvan Charron.

Juste avant les élections de novembre justement, le conseil municipal de L'Isle-Verte avait adopté une résolution reconnaissant que les petites municipalités telles que la leur sont limitées en ressources matérielles et humaines, ce qui représente «un certain élément de risque lors d'interventions majeures».

La MRC a prévu un budget pour aller de l'avant avec le regroupement selon lequel les pompiers de L'Isle-Verte et entre autres de Rivière-du-Loup, plus nombreux et mieux équipés, se seraient retrouvés sous le même commandement.

Le président de l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec (ACSIQ), Daniel Brazeau, affirme que de tels regroupements sont nécessaires pour assurer la sécurité dans les petites communautés.

Lui-même dirige un service d'incendie ainsi regroupé dans la MRC de D'Autray, qui regroupe neuf municipalités de Lanaudière. «Nous avons 110 pompiers réunis dans 8 casernes. Ça a pour effet que lorsqu'il y a un incendie dans une des municipalités desservies, on répond en multicasernes et notre force de frappe est beaucoup plus forte. On a les mêmes effectifs que neuf municipalités, sous un même système de commandement, avec un plan de prévention uniforme. On est mieux organisés. (...) Si on compare les pertes lors des incendies de 1996 à 2001 et celles d'aujourd'hui, ça a baissé drastiquement», explique le chef lanaudois.

Il refuse toutefois de dire qu'une telle structure aurait assurément pu sauver plus de vies à L'Isle-Verte.

«Les gars on fait le maximum, avec beaucoup de courage», explique M. Brazeau.

Mais le chef Yvan Charron de L'Isle-Verte convient qu'un service regroupé serait plus efficace.

Propager le message

Daniel Brazeau sillonne le Québec pour vanter les mérites des regroupements et tenter de convaincre les autorités locales d'aller de l'avant. Cela s'est produit à certains endroits, dans les MRC de Lac-Saint-Jean, de Montcalm et de L'Érable.

L'ACSIQ a déposé en 2012 au ministère de la Sécurité publique un mémoire réclamant ces regroupements.

«Les regroupements de services sont une voie toute désignée pour enrayer le manque de relève chez les officiers et le manque d'effectif pompiers en région. Plutôt que chaque municipalité se dote d'effectif suffisant pour faire face à tous leurs risques, il est apparu clair que le regroupement de plusieurs municipalités réduit les besoins de chacun, partageant l'expertise, les ressources humaines et les ressources matérielles nécessaires dans une même région. (...) Ainsi regroupées, les organisations se professionnalisent davantage et au final, ce sont les citoyens payeurs de taxes qui en ont plus pour les mêmes dollars investis», lit-on dans ce mémoire. L'ACSIQ réclamait aussi que l'État prenne en charge la formation des pompiers à temps partiel, qui représentent la majorité des effectifs dans les petites municipalités, comme il le fait pour les pompiers à temps plein.

Mais Daniel Brazeau dit que l'idée rencontre souvent des obstacles.

«Certains élus municipaux ont de la misère avec ça. Ils disent que ça leur fait perdre des responsabilités. Le gouvernement, lui, ne veut rien faire, il dit que ça relève des municipalités», déplore M. Brazeau.

Le ministère de la Sécurité publique confirme qu'il ne peut forcer les services d'incendie à se regrouper, mais affirme qu'il offre un soutien logistique à ceux qui se regroupent et lui en font la demande.