Le mégachantier de la Romaine sera livré «dans les échéanciers et dans les budgets» promet le président de la FTQ, Michel Arsenault, amer toutefois du traitement réservé par les élus à sa centrale syndicale.

Au terme d'une heure de réunion, une discussion «franche et virile» avec le ministre du Travail, Sam Hamad, le leader syndical a souligné que les élus, tous partis confondus, devraient «respirer par le nez» et mettre fin aux déclarations incendiaires sur la situation dans l'industrie de la construction au Québec. «Il faut que le climat de panique arrête», plaide-t-il.«Je n'ai aucune crainte pour ce chantier, on va le réussir... la FTQ veut bâtir ce barrage avec ses gens, dans le respect des conventions, dans les délais et les budgets prévus», a lancé M. Arsenault.

«Dans notre société, on a droit à une enquête, il peut y avoir des accusations de portées et même dans ce cas on a droit à une défense pleine et entière, et à la présomption d'innocence», a dit M. Arsenault.

«On n'est pas dans une société d'inquisition, on ne peut accuser les gens à visage caché et que ça devienne vérité le lendemain, accuser les gens derrière les paravents», a-t-il lancé.

Le président de la FTQ, irrité d'avoir été «convoqué» publiquement par le ministre, n'a pas voulu paraître à ses côtés - dans un autre point de presse, plus tard, le ministre Hamad s'est dit rassuré par les engagements de la FTQ dans le projet de la Romaine, un chantier de 6,5 milliards, le plus important au Canada, une opération stratégique pour le Québec.

Ironiquement, le ministre a présenté comme une avancée importante la nomination, d'ici le 1er avril, d'un représentant régional pour la FTQ sur la Côte-Nord. En fait, avait expliqué M. Arsenault, cette fonction existe dans toutes les régions au Québec. Pour la Côte-Nord, le poste était vacant depuis quelques mois, l'employé qui l'occupait était absent pour maladie depuis longtemps.

Sans détour, le syndicaliste a admis n'avoir pas apprécié les déclarations du ministre Hamad qui s'engageait à «sortir les pommes pourries» du secteur de la construction - au même moment, les manchettes se multipliaient mettant en question les façons de faire de Normand Gauthier, un chargé d'affaires de la FTQ sur la Côte-Nord. M. Hamad aurait pu y aller avec plus de prudence, indiquer ce qu'il ferait «s'il y avait des pommes pourries», a suggéré M. Arsenault.

Le ministre Hamad a insisté pour que la FTQ s'engage à collaborer aux enquêtes en cours - quatre inspecteurs de la Commission de la construction sont sur le terrain sur la Côte-Nord. «On va coopérer avec l'enquête, mais je ne porterai pas de jugement avant qu'elle soit terminée. Il se peut qu'on en vienne à la conclusion qu'il y a finalement peu de choses qui se passent», a dit M. Arsenault.

Les travailleurs de la Côte-Nord, «ne prennent pas le thé au Club Saint-James» et souvent s'expriment vertement, rappelle-t-il.

Pour lui, une commission d'enquête publique n'est pas nécessaire, la Commission de la construction a tous les pouvoirs nécessaires pour réglementer le secteur.

Pour M. Hamad, l'échange a été «direct» avec le président Arsenault. Soucieux de donner l'impression qu'il faisait des gestes pour policer l'industrie de la construction, M. Hamad avait annoncé mercredi le face-à-face. Jeudi il s'est défendu d'avoir voulu surtout faire un coup médiatique. Pour les autres centrales syndicales comme pour les entrepreneurs, M. Hamad s'est contenté d'une lettre pour rappeler les obligations prévues par la loi R-20 qui régit la construction.

Même si le syndicaliste minimise le nombre de plaintes déposées contre son syndicat sur la Côte-Nord, moins d'une vingtaine, insiste-t-il, le responsable du Travail retient surtout que leur nombre a augmenté en flèche dans les dernières semaines.