La chef péquiste Pauline Marois a tourné la page, mercredi, sur une crise qui lui a coûté six députés en deux semaines, soutenant que l'hémorragie est maintenant terminée.

À la suite d'une réunion extraordinaire de son caucus qui a duré près de cinq heures, Mme Marois a assuré que les députés se sont tous engagés à lui rester fidèles et à demeurer au Parti québécois.

«Je peux garantir aux militants que l'hémorragie est stoppée, a-t-elle dit lors d'un point de presse. Chacune des personnes qui étaient autour de la table s'est engagée formellement.»

Mme Marois a fait cette déclaration dans le cadre champêtre d'une station de villégiature de la région de Québec, où elle avait convoqué ses députés afin de briser l'apparence de division au sein du caucus.

Pendant qu'elle rencontrait la presse pour effectuer un bref bilan, ses députés, qui prenaient l'apéritif sur une terrasse à quelques mètres derrière elle, ont même entonné un air pour souhaiter joyeux anniversaire à un membre du personnel péquiste.

Tout cela contrastait particulièrement avec les déchirements qui ont plongé le PQ dans une crise qualifiée de sans précédent, depuis le début du mois.

Mme Marois a d'ailleurs reconnu que tout cet épisode avait été particulièrement éprouvant.

«C'est vrai que ç'a été difficile depuis quelques semaines et j'en suis profondément malheureuse», a-t-elle dit.

Mardi, un cinquième député a claqué la porte du caucus, tandis qu'un sixième a dû quitter à cause d'une enquête policière visant un ancien conseiller politique. Mais mercredi, Mme Marois s'est montrée convaincue qu'elle conservera les 46 députés qui lui restent.

«De fait, on peut tourner la page et je peux comprendre que nos membres étaient un peu inquiets, a-t-elle dit. Je veux les rassurer et je veux rassurer la population québécoise, le Parti québécois est au rendez-vous et nous avons des choses formidables à proposer à la population.»

Mme Marois a démontré qu'elle a pris note des critiques adressées à son entourage par les démissionnaires, en affirmant qu'elle ferait des changements au sein de son cabinet.

Quant aux questions de fond, Mme Marois a affirmé que ses députés partaient avec un devoir estival, soit de réfléchir sur la manière de «faire de la politique différemment», notamment à l'Assemblée nationale, un aspect aussi soulevé par certains démissionnaires.

La chef péquiste a aussi indiqué que les départs l'obligeront à redistribuer prochainement les responsabilités au sein de son caucus.

Au cours des deux dernières semaines, cinq députés -Louise Beaudoin, Pierre Curzi, Lisette Lapointe, Jean-Martin Aussant et Benoit Charette- ont claqué la porte du PQ en raison de désaccords avec la stratégie, l'entourage ou le leadership de Mme Marois.

Le caucus a perdu un sixième membre temporairement, en raison d'une enquête policière sur un de ses anciens attachés politiques.

René Gauvreau a pris cette décision à la suite d'une discussion avec Mme Marois, ce qui, selon le PQ, ne constitue pas une expulsion.

Estimant que Mme Marois sera incapable de faire la souveraineté, M. Aussant a quant à lui évoqué la possibilité de fonder un parti qui aurait ce mandat.

M. Curzi n'a fermé aucune porte, se disant ouvert à une coalition de souverainistes.

M. Charette s'est pour sa part montré proche de la Coalition pour l'avenir du Québec, cofondée par l'ancien député péquiste François Legault, dont l'objectif est de reléguer la souveraineté au second plan.

En entrant dans l'auberge où Mme Marois attendait ses députés, le doyen du caucus, François Gendron, a ridiculisé les raisons invoquées par les démissionnaires, soutenant que la cause de la souveraineté nécessite des sacrifices.

Le député de Roberval, Denis Trottier, a quant à lui affirmé que les souverainistes devraient s'unir derrière le PQ.

«Le Parti québécois est la meilleure coalition pour pouvoir faire l'indépendance et j'espère que tout le monde va comprendre ce message-là, que quand on est unis on est plus fort», a-t-il dit.

Selon M. Trottier, un changement au leadership n'est pas la solution, il faut simplement davantage de discipline.

«Il faudrait que moins de gens se prennent pour des chefs et qu'il y ait plus d'Indiens, a-t-il dit. À un moment donné, on a un chef, il faut être capable de vivre avec, de travailler en fonction d'une personne qui à mon avis a des capacités, des compétences.»