Certains étudiants en grève pourraient devoir poursuivre leur trimestre hivernal après les vacances d'été.

Même en reprenant des cours le samedi, certains cégépiens devront terminer leur trimestre d'hiver à la mi-août, un scénario qui risque de repousser le trimestre d'automne, voire d'hiver 2013 dans certains établissements.

Sept cégeps cumulent plus de quarante jours de grève. Déjà, le cégep de Sherbrooke a annoncé que le trimestre se poursuivra au-delà des vacances estivales. Un deuxième collège s'apprête à faire de même, explique le président et directeur général de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne.

«On est accoté au maximum», a affirmé M. Beauchesne, en entrevue à La Presse. «Ça va débouler dans les prochains jours.»

La loi oblige les cégeps à donner 82 jours de cours et d'évaluation par trimestre. La grève étudiante en est à sa 12e semaine, et une vingtaine de cégeps cumulent plus de 30 jours de cours manqués.

Certains ont encore la marge de manoeuvre pour offrir des cours le samedi et réussir à terminer le trimestre avant le 30 juin. Ceux qui sont en grève depuis plus de huit semaines risquent de continuer au retour des vacances estivales, à la mi-août.

La Fédération appréhende des coûts importants. Le contrat de travail des enseignants ne prévoit pas de cours la fin de semaine. Il faut aussi tenir compte de l'ensemble du personnel. «Quand on ouvre un collège un samedi, c'est l'ensemble de la communauté qui doit être là», explique M. Beauchesne. La Fédération a entamé des discussions avec les syndicats à ce sujet.

Des cégépiens risquent aussi de retarder leurs études d'un an. C'est le cas de ceux qui devaient faire un stage à l'École nationale de police ou en soins infirmiers cet été.

«S'ils n'ont pas les préalables, les centres hospitaliers vont faire le plein avec les autres institutions où il n'y a pas eu de boycott et, malheureusement, ça peut décaler d'une année», affirme M. Beauchesne.

Le sort des élèves de dernière année inscrits à l'université est également incertain. Ils sont admis à la condition d'avoir leur diplôme collégial.

«Nous n'avons rien entendu de la part des universités comme quoi elles fermeraient la porte, mais nous n'avons rien entendu non plus sur le fait qu'elles pourraient admettre tout le monde. Ce sont des discussions que nous devrons avoir.»

La crise est dans un cul-de-sac, ajoute le PDG de la Fédération. Forcer le retour en classe n'est pas non plus la solution. Les demandes d'injonction l'ont montré, dit-il. «Il n'est pas possible de les appliquer, c'est extrêmement dangereux.»

Le risque d'affrontement entre élèves a incité les cégeps de Saint-Laurent et de Sherbrooke à lever les cours, hier, malgré une ordonnance de la cour. Le scénario pourrait se répéter aujourd'hui au collège de Maisonneuve.

Médiateur réclamé

La situation est «à la limite de l'acceptable», lance le président et directeur général de l'Association des cadres des collèges du Québec, Jean Perron.

Comme plusieurs, il croit que la solution passe par la médiation, et rappelle que cette crise risque d'être «très onéreuse».

«On est extrêmement déçus devant l'inaction du gouvernement. C'est un conflit majeur, et il risque d'y avoir un chaos social», déplore M. Perron, qui ajoute que le gouvernement n'a pas agi en «bon père de famille» en mettant fin aux discussions.

Les trimestres des universités sont également chamboulés. À l'Université de Montréal, le trimestre pourrait se terminer le 22 juin. Certains cours pourraient aussi être suspendus et repris ultérieurement. Il y aura des coûts importants, reconnaît la porte-parole, Flavie Côté.

«Nous sommes encore au stade des hypothèses, mais ce n'est pas impossible qu'on réclame de l'aide au gouvernement.»