La Ville de Montréal sait depuis longtemps qu'elle paie trop cher ses contrats de construction en raison de la concentration des contrats dans un petit groupe d'entrepreneurs, a reconnu l'ex-directeur général, Robert Abdallah, en entrevue ce matin avec Paul Arcand au 98,5.

«Est-ce que ça coûtait plus cher aux Montréalais ? Oui, je le savais», a dit le plus haut fonctionnaire de la Ville de 2003 à 2006.

«Furieux» d'avoir été montré du doigt par l'entrepreneur Lino Zambito, Robert Abdallah est prêt à tout faire pour défendre sa réputation. Il promet de «sortir ses dossiers» et de les montrer aux médias.

Questionné par l'animateur de radio, l'ancien directeur général a indiqué qu'il avait constaté durant son mandat une hausse marquée du prix des contrats de construction. Il a alors demandé une analyse de tous les appels d'offres et constaté qu'un nombre restreint d'entrepreneurs en obtenaient la majeure partie. Il dit avoir quitté la Ville avant que cette analyse soit terminée.

Devant la commission Charbonneau, des témoins ont affirmé que la mainmise d'un cartel sur les contrats d'égouts et de trottoirs avait fait gonfler les prix de 30%. Depuis le début de l'année 2012, la Ville de Montréal dit avoir observé une baisse de 20 à 33% du coût des contrats.

L'ex-DG connaît Tremca

Quant aux allégations de Lino Zambito sur le contrat de construction d'un collecteur sous la rue Sherbrooke en 2005, Robert Abdallah a nié avoir imposé l'utilisation des tuyaux en béton armé de la compagnie Tremca. Alors qu'il a dit mardi qu'il n'avait jamais rencontré les dirigeants de cette compagnie, il a reconnu qu'il avait déjà rencontré l'un d'eux. «On me l'a déjà présenté quelque part. "Ça, c'est M. Caron, et ça, c'est M. Abdallah." Mais jamais M. Caron ne m'a appelé pour imposer ses affaires, jamais M. Carton ne m'a offert de l'argent et je n'ai jamais imposé ce que M. Caron fabrique», a-t-il martelé.

Dans son témoignage, Lino Zambito n'a pas dit qu'il avait assisté à l'échange des 300 000$ que M. Abdallah aurait touché selon lui. C'est un ingénieur du Groupe Séguin, engagé pour évaluer le coût des travaux, qui lui aurait affirmé que la demande provenait de l'ex-directeur général.

«Je mets au défi n'importe qui pouvant témoigner et dire "j'ai rencontré M. Abdallah et je lui ai donné de l'argent"», a tonné l'ex-directeur général ce matin à la radio.

L'ex-directeur général de Montréal a reconnu qu'il avait déjà reçu des offres «indirectement», mais il assure qu'il a refusé. «J'ai très, très rarement été dîner avec des entrepreneurs. Mais est-ce que je les connais tous ? Oui.»