«Ça change tout», a laissé tomber le député libéral John McKay quelques minutes après avoir été évacué du parlement avec ses collègues. Il était tout juste à côté du Monument commémoratif de guerre du Canada, où un soldat avait été abattu une demi-heure auparavant.

«C'est l'édifice du peuple et nous étions fiers de son accessibilité pour les gens, a ajouté le politicien fédéral. Je déteste l'idée de le fermer pour de la paranoïa et de la peur légitime.»

La question de la sécurité du parlement était dans tous les esprits au terme de la journée tragique d'hier. Plusieurs, comme le député McKay, appréhendaient déjà un resserrement des règles de surveillance. Contrairement à la Maison-Blanche, par exemple, n'importe qui peut se promener sur la Colline du Parlement sans devoir montrer patte blanche. Ce n'est que pour entrer dans les édifices que les visiteurs doivent traverser un détecteur de métal.

La question de savoir comment au moins un homme armé a pu pénétrer par la porte principale du parlement et tirer plusieurs coups de feu s'est avérée encore plus préoccupante. Au moins trois gardiens de sécurité se tiennent en tout temps derrière cette porte.

«Il est trop tôt pour répondre à cette question», a déclaré le commissaire adjoint de la GRC, Gilles Michaud. Le niveau de menace établi pour le parlement est de "moyen" depuis de nombreuses années, a précisé le policier.

Plusieurs ont fait un parallèle entre des mesures de sécurité souvent jugées trop laxistes et les événements d'hier.

Dans un rapport en 2012, le vérificateur général du Canada a déploré le fait que les lieux sont protégés par quatre services différents: les gardiens de la Chambre des communes et du Sénat pour leur aile respective; la GRC pour l'extérieur des édifices et les services de police de la ville d'Ottawa pour les rues avoisinantes.

Après un coup d'éclat de Greenpeace en 2009 (des militants étaient montés sur le toit de l'édifice de l'Ouest pour poser une bannière), la GRC a considérablement resserré la sécurité des lieux. Mais pas assez aux yeux du vérificateur qui, dans son rapport, a appelé à l'unification des forces de sécurité de la cité parlementaire. Deux ans plus tard, cette unification n'a toujours pas eu lieu.

«Je pense à ce genre d'événement chaque jour. Il allait y avoir un attentat. La question ce n'était pas si, mais quand. Le parlement est un symbole», a lancé le sénateur libéral Colin Kenny, qui plaide depuis longtemps pour un resserrement.

«Les événements de cette semaine nous rappellent tristement que le Canada n'est pas à l'abri des types d'attaques que nous avons vues ailleurs dans le monde», a déclaré Stephen Harper hier soir.

Claude Sarrazin, président de la firme Sirco, spécialisée en analyse de risque, en enquête et protection rapprochée, abonde dans le même sens. «Je suis d'accord que le parlement doit demeurer accessible, a-t-il mentionné. Mais on n'est plus en 1950. La menace terroriste n'est plus limitée au Moyen-Orient ou à l'Afrique.»

«Il y a peut-être des questions à se poser sur ce qu'on est prêts à concéder sur les droits individuels pour garantir notre sécurité.»