Depuis la mort tragique d’Amélie Champagne, les congés des patients à risque suicidaire sont mieux encadrés, a assuré le CIUSSS de l’Estrie-CHUS à l’enquête publique du coroner jeudi.

« Suite à la situation qui est arrivée », le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a « fait un processus de rétroaction » et suivi « l’enquête qui est en cours », a témoigné la directrice des programmes santé mentale et dépendance à la Direction santé mentale et dépendance de ce centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, Stéphanie Lemoine.

L’établissement a notamment implanté un aide-mémoire pour la planification du congé des personnes à risque suicidaire.

Cette liste prévoit, entre autres, de réévaluer le risque suicidaire du patient avant son départ et, avec son accord, d’en aviser ses proches et de les informer des moyens pour l’accompagner et le soutenir.

Un responsable du suivi à l’externe est également prévu et, « si possible », un rendez-vous de suivi est déjà fixé.

« Je constate que vous avez fait des démarches sérieuses […] donc bravo pour ça », a commenté le père de la disparue, Alain Champagne.

« C’est diamétralement opposé à ce qu’on a vécu », a-t-il toutefois souligné.

« Le volet empathie et humanité » demeure un « des grands angles morts de ce qu’on a vécu ».

Le congé de l’hôpital, un moment « surréel »

Amélie Champagne a mis fin à ses jours le 11 septembre 2022, 48 heures après avoir obtenu son congé de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke. Amenée à ces urgences psychiatriques après une tentative de suicide, elle y avait passé trois jours, durant lesquels elle avait maintes fois demandé de sortir, ne réussissant pas à trouver le repos dans cet endroit.

Le moment où la jeune femme a obtenu son congé était « comme surréel », avait témoigné sa mère, Joanne Bossé, au premier jour de l’audience publique, à la mi-décembre.

« Tu arrives au comptoir, tu viens chercher ta fille qui a essayé de se suicider […] et tu ne sais pas ce que tu vas faire avec », avait dénoncé Mme Bossé. « Il n’y a pas une psychiatre qui nous a parlé […], ç’a tout été fait au téléphone. »

Le CIUSSS s’est par ailleurs doté d’une procédure de prévention du suicide pour toutes ses clientèles, qui vise notamment « à favoriser l’implication de l’usager et de son entourage », a déclaré Mme Lemoine. Une équipe de suivi à domicile est aussi prévue pour la fin de janvier.

« Plusieurs usagers ne savent pas où s’adresser »

Amélie Champagne, qui était âgée de 22 ans, souffrait depuis de nombreuses années de symptômes ressemblant à ceux de la maladie de Lyme.

« Plusieurs usagers ne savent pas où s’adresser », a indiqué Mme Lemoine, en recommandant de « définir une trajectoire pour la maladie de Lyme afin d’assurer une prise en charge et un meilleur accès ».

Ce n’est « pas dans mon champ d’expertise », a admis cette cadre en santé mentale, mais « mon établissement souhaitait que ça soit amené ici pour que ça soit vu, je pense, de façon un peu plus globale pour le réseau ».

La fin de l’enquête publique est prévue ce vendredi, date de l’anniversaire de naissance d’Amélie Champagne. Plusieurs hauts responsables du ministère de la Santé et des Services sociaux sont annoncés à l’horaire, dont le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, et le ministre responsable des Services sociaux, le DLionel Carmant.