Tout comme Montréal, la Ville de Longueuil est au régime minceur d’ici la fin de l’année pour s’adapter à des revenus en baisse, notamment en ce qui concerne les droits de mutation qui ont chuté de plus de 50 % par rapport à 2022, ce qui représente un manque à gagner de 33,8 millions.

Malgré des compressions de 3 millions ces deux derniers mois, les finances longueuilloises seront dans le rouge de 13 ou 14 millions à la fin de 2023. Comme les municipalités n’ont pas le droit de faire de déficit, la Ville devra puiser cette somme dans ses réserves, qui totalisent pour le moment 28 millions.

« On a déjà eu des rationalisations ces dernières années, on fonctionne sur des budgets très maigres, il n’y a plus de gras dans nos budgets, on est rendus dans le cartilage », illustre Jonathan Tabarah, vice-président du comité exécutif et responsable des finances.

Dès l’été, les directeurs de services ont été appelés à réviser leurs dépenses en raison de la situation financière difficile.

« Les enveloppes discrétionnaires pour les imprévus et les “immobilisations payées comptant” ne seront plus disponibles. Nous vous demandons de réduire vos dépenses pouvant être revues à la baisse et de reporter des projets jugés non essentiels », écrivait le directeur général de la Ville, Alexandre Parizeau, dans une lettre datée du 8 août.

Peu de marge de manœuvre

Selon M. Tabarah, des compressions de 5,7 millions effectuées l’année dernière laissent peu de marge de manœuvre à la Ville, dans un contexte où tout coûte plus cher.

Mais on a tout de même réussi à faire des économies dans les embauches, dans le coaching, dans le soutien aux organismes communautaires, dans les évènements de valorisation, dans les achats de véhicules et dans divers autres projets, dit-il.

C’est la chute des droits de mutation, communément appelés « taxe de bienvenue », qui fait le plus mal : on anticipe qu’ils rapporteront 26 millions d’ici la fin de 2023, comparativement à 59,8 millions en 2022. Le budget de Longueuil est de 506 millions pour l’année en cours.

Mais des augmentations de coûts dans plusieurs secteurs donnent aussi des maux de tête. Quelques exemples :

  • indexation des contrats de déneigement selon l’IPC, prévu au contrat, de 5,6 %, soit une hausse de 1,2 million ;
  • augmentation des coûts de disposition de neige usée de 44 % (658 000 $) ;
  • hausse du prix des contrats de colmatage des nids-de-poule de 33 % (165 600 $) ;
  • hausse des coûts en cybersécurité de 100 % (600 000 $) ;
  • hausse des prix des produits chimiques pour traiter l’eau potable et les eaux usées de 36 % (1 million).

Jonathan Tabarah fait valoir que la Ville de Longueuil subit les contrecoups de plusieurs années de gels de taxes, ou d’augmentations bien en deçà du niveau de l’inflation. Entre 2013 et 2021, les taxes ont augmenté en moyenne de 1,1 % par année.

« Un gel de taxe, ça ne se récupère pas dans le temps, souligne-t-il. Si on avait eu des augmentations récurrentes de 2 %, on ne serait pas pris à la gorge aujourd’hui. »

Les hausses ont été de 3,4 % en 2022 et de 5,6 % en 2023. Pour 2024, les citoyens doivent encore s’attendre à une augmentation, mais qui ne dépassera pas 5,2 %, soit le niveau de l’inflation, promet le vice-président du comité exécutif.

Lisez l’article « Dépenses de la Ville : Montréal en mode compressions »