(Ottawa) Tamara Lich a promis que les manifestants du « convoi de la liberté » au centre-ville d’Ottawa resteraient « pacifiques, mais plantés », alors que des informations ont été publiées selon lesquelles le premier ministre Justin Trudeau était prêt à invoquer la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin à la manifestation, a entendu un tribunal mardi.

« Peu importe ce que vous faites, nous maintiendrons le cap », a promis Mme Lich, figure de proue du mouvement du « convoi de la liberté » et organisatrice clé des manifestations, lors d’une conférence de presse, le 14 février 2022.

Une vidéo de la scène a été diffusée, mardi, dans une salle d’audience à Ottawa, où la Couronne tente de prouver que Mme Lich et son collègue organisateur, Chris Barber, ont exercé un contrôle et une influence sur la manifestation qui s’est déroulée pendant trois semaines à Ottawa, et qui s’est terminée par une opération policière massive.

Le sixième jour du procès marquait la première fois que le tribunal voyait des exemples montrant Mme Lich en train d’encourager les manifestants à se rendre à Ottawa et à y rester, même si la police leur ordonnait de partir.

Mme Lich et M. Barber font face à des accusations de méfaits, d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des délits, d’intimidation et d’entrave à la police en lien avec leur rôle dans le « convoi de la liberté ». Les manifestants s’opposaient aux mesures de santé publique liées à la COVID-19 et au gouvernement du premier ministre Justin Trudeau.

Les vidéos diffusées au tribunal mardi ont été compilées par la sergente de la police d’Ottawa, Joanne Pilotte. Elles ne sont toutefois pas considérées comme des éléments de preuve au procès, qui se déroule devant seulement une juge. Les avocats de la défense de Mme Lich et de M. Barber prévoient s’opposer à l’admission du contenu des réseaux sociaux recueilli sur la page Facebook « Freedom Convoy 2022 ».

La défense a avancé plusieurs arguments sur l’admissibilité des preuves, ce qui a ralenti le processus.

Le contenu en ligne présenté au tribunal montre que Mme Lich a annoncé, au début de la manifestation, que les participants ne partiraient pas tant que le gouvernement n’aurait pas aboli l’obligation de se faire vacciner contre la COVID-19. Des milliers de camions ont commencé à arriver à Ottawa le 28 janvier 2022, bloquant les rues autour de la colline du Parlement et dans les quartiers résidentiels environnants.

« Notre départ dépendra de si le premier ministre fait ce qui est juste », a déclaré Mme Lich lors d’une conférence de presse enregistrée le 3 février 2022.

Près de deux semaines plus tard, Mme Lich a publié une vidéo réfléchissant à la manifestation et expliquant comment elle s’attendait à être arrêtée, même si son message aux partisans est resté essentiellement le même.

« Je pense que c’est inévitable à ce stade, mais j’irai probablement demain quelque part où je recevrai trois repas par jour, et c’est correct », a-t-elle affirmé, en larmes, dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook le 16 février, deux jours après l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence.

Elle avait les larmes aux yeux en regardant les images jouer devant le tribunal, mardi.

« Si vous pouvez venir à Ottawa et vous tenir à nos côtés, ce serait fantastique. Et si vous ne pouvez pas, priez pour nous », a poursuivi Mme Lich, dans la vidéo.

Elle a terminé en disant : « Je n’ai pas peur et nous allons tenir le coup. Merci, je vous aime. »

« Maintenir le cap »

D’autres vidéos des derniers jours de la manifestation montraient Mme Lich qui répétait la phrase « maintenir le cap ». Elle l’a également réitéré le 17 février, lorsqu’on lui a demandé quel serait son message à ses partisans si elle devait être arrêtée.

Elle a été arrêtée plus tard dans la journée, à la veille d’une opération policière visant à chasser les manifestants des rues de la capitale fédérale. Lors de son arrestation, un partisan a appelé Mme Lich à « maintenir le cap », alors qu’elle était emmenée, menottée. Elle a répété ces mots avant d’être embarquée dans une voiture de police à proximité.

Une vidéo de l’arrestation de M. Barber a également été diffusée devant le tribunal. Il a été arrêté séparément de Mme Lich, le même jour. Dans la vidéo, il a encouragé la personne qui filmait son arrestation à la publier « immédiatement » sur les réseaux sociaux.

Le procureur de la Couronne, Tim Radcliffe, a présenté au tribunal212 pages de messages et de vidéos de la page Facebook « Freedom Convoy 2022 », y compris des mises à jour des organisateurs et de leurs partisans.

Les avocats de la défense exigent plus d’informations sur la manière dont la Couronne envisage de les utiliser pour prouver leur dossier avant qu’ils puissent être examinés par la juge.

Dans une vidéo, Tamara Lich a exprimé son soutien au blocage du passage frontalier international du pont Ambassador, entre Windsor, en Ontario, et Detroit, au Michigan.

« J’aimerais que nous puissions nous attribuer le mérite des blocages, mais nous ne le pouvons pas », a déclaré Mme Lich dans une vidéo publiée sur la page Facebook du groupe, le 14 février dernier.

« Nous sommes conscients que les Canadiens de tout le pays se sentent inspirés par la détermination des camionneurs à Ottawa », a-t-elle ajouté.

Dans une vidéo publiée sur Facebook le 12 février, M. Barber s’est promené dans les rues bloquées d’Ottawa et a été accueilli par des partisans demandant des photos.

Une personne qui a croisé M. Barber dans la rue l’a qualifié de « héros » alors que les manifestants scandaient « Trudeau doit partir », hors caméra.

La Couronne a également rediffusé des vidéos du compte TikTok de M. Barber, BigRed19755, qui ont déjà été versées en preuve lors du procès. Le procureur Radcliffe a affirmé qu’il souhaitait démontrer au tribunal que des vidéos avaient été publiées sur TikTok et Facebook pendant la manifestation.