(Ottawa) Un groupe de députés de tous les partis, incluant au moins un député libéral, estime qu’Ottawa devrait égaler les dons faits à un éventail d’organisations qui interviennent auprès des gens touchés par les tremblements de terre dévastateurs en Turquie et en Syrie.

Le gouvernement fédéral a offert d’égaler jusqu’à 10 millions en dons à la Croix-Rouge canadienne, qui a des partenaires sur le terrain pour aider les personnes qui se retrouvent soudainement sans toit après le violent tremblement de terre de la semaine dernière.

« La Croix-Rouge est une organisation formidable qui fait de grandes choses. La réalité, cependant, est que de nombreux Canadiens font des dons à des organisations qu’ils connaissent », a déclaré mardi le député conservateur Brad Redekopp devant un comité de la Chambre des communes.

« Par exemple, de nombreux nouveaux arrivants font des dons à Islamic Relief et peuvent ne pas être aussi à l’aise avec la Croix-Rouge. »

M. Redekopp a fait ces commentaires aux responsables d’Affaires mondiales Canada qui témoignaient devant le comité des affaires étrangères au sujet de la réponse du Canada.

Le responsable de l’aide humanitaire internationale au ministère, Stephen Salewicz, a déclaré que la Croix-Rouge semblait être le meilleur choix, car elle est déjà largement présente en Turquie.

« Nous voulions nous assurer que des fonds canadiens soient injectés immédiatement dans la réponse des acteurs locaux, et soutenir leurs efforts », a-t-il témoigné.

« L’absence de jumelage n’empêche pas les Canadiens de contribuer à ces (autres) organisations. »

Mais des députés conservateurs, du Bloc québécois et néo-démocrates veulent voir le soutien du gouvernement élargi pour inclure d’autres groupes, affirmant que des fonds de contrepartie convaincront plus de Canadiens de faire des dons.

Au moins un député libéral, Sameer Zuberi, a appuyé l’idée d’élargir le programme de contrepartie.

Il a demandé aux responsables de garder à l’esprit le problème, affirmant qu’il revenait sans cesse.

« C’était un problème qui a également été noté lors des secours contre les inondations au Pakistan. De nombreuses organisations (non gouvernementales) et organisations humanitaires (demandaient) également pourquoi n’étaient-elles pas incluses », a-t-il soulevé, faisant référence à un autre programme de dons de contrepartie l’automne dernier.

Les responsables du ministère ont répondu qu’ils s’appuyaient sur une déclaration soutenue par le Canada en 2016 lors du Sommet humanitaire mondial des Nations unies, qui demandait aux pays de soutenir les groupes pouvant avoir le plus d’impact sur le terrain.

Mais des députés ont repoussé l’idée que la Croix-Rouge canadienne et ses affiliés sur le terrain soient les mieux placés pour réagir.

Ils ont souligné qu’Ottawa soutient déjà des organisations non gouvernementales canadiennes qui opèrent depuis des années en Syrie déchirée par la guerre, où les filiales de la Croix-Rouge ont un accès limité.

La Coalition humanitaire, un groupe qui comprend 12 grandes organisations caritatives, a participé par le passé à des programmes gouvernementaux de jumelage de dons.

Richard Morgan, le chef du groupe, a déclaré qu’il était logique qu’Ottawa s’associe à la Croix-Rouge pour une réponse immédiate. Mais il a souligné que les 12 membres de sa coalition, qui comprennent Oxfam et Islamic Relief, opèrent dans toute la Syrie depuis plus d’une décennie.

« La capacité profondément locale de nos membres est sous-estimée par Affaires mondiales, et nous pensons qu’il s’agit en fait d’une ressource que le gouvernement devrait exploiter », a-t-il déclaré au comité.

« Il y a de nombreux endroits auxquels la Croix-Rouge n’a pas accès, que nombre de nos membres sont en mesure de livrer. Cette capacité locale dans toutes les régions de la Syrie en est un bon exemple. »

Une semaine après deux tremblements de terre majeurs et des centaines de répliques, le nombre de morts s’élève à plus de 35 000. Les responsables ont déclaré que 21 millions de personnes ont été touchées, dont beaucoup ont désespérément besoin d’aide humanitaire.

M. Morgan a indiqué qu’il existe un besoin massif de loger, d’éduquer et de soigner les personnes qui ont perdu leur maison, et que davantage de bâtiments risquent de s’effondrer.

Il a fait remarquer que d’autres pays riches parviennent mieux à tirer parti de la philanthropie pour répondre aux crises humanitaires.

« Le financement gouvernemental et privé à ce jour a été insuffisant, a déclaré M. Morgan. Une réponse beaucoup plus importante du Canada et de la communauté mondiale est requise de toute urgence. »

Stephen Salewicz a ajouté que la promesse initiale de contrepartie de 10 millions était basée sur les budgets existants dont le ministère pouvait tirer parti, et que le calendrier des dons était intentionnellement serré, du 6 au 22 février, car les organisations caritatives disent que cela aide les gens à ouvrir leur portefeuille.

Il a expliqué que le ministère s’était éloigné des fonds de contrepartie à durée indéterminée, car ceux-ci étaient difficiles à budgétiser et pouvaient entraîner des retards de plusieurs mois dans l’acheminement de l’aide canadienne.

M. Salewicz a déclaré qu’Ottawa pouvait toujours bonifier l’aide. Mais il a affirmé qu’il ne pouvait pas dire si le budget fédéral de ce printemps allouera plus de fonds pour répondre à la situation en Turquie et en Syrie.

Un haut fonctionnaire responsable de la politique canadienne au Moyen-Orient, Jess Dutton, a déclaré que toutes les sanctions du Canada contre la Syrie incluent déjà des exemptions pour l’aide humanitaire, et que toute personne rencontrant un problème pour fournir de l’aide devrait contacter le ministère.