La Fédération canadienne des municipalités (FCM) tente de constituer un fonds électoral de 1,5 million en vue de la campagne fédérale de 2019, mais elle se heurte à une certaine résistance dans les villes du Québec.

« Comme d'autres municipalités, on a pris la décision de ne pas y contribuer. On considère que représenter les intérêts des municipalités canadiennes, c'est la mission première de la Fédération. À ce titre-là, elle ne devrait pas solliciter de contribution spéciale. C'est à prévoir dans le budget actuel », estime Alexandre Cusson, président de l'Union des municipalités du Québec (UM) et maire de Drummondville. M. Cusson siège également au conseil d'administration de la FCM.

Si son collègue de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, croit que « cela devrait, en effet, aller de soi », il souligne qu'« entre-temps, il y a de l'ouvrage à faire ». « C'est un investissement pour continuer sur notre lancée », plaide-t-il.

À Québec, le maire Régis Labeaume a rejeté d'un revers de main la sollicitation de la FCM. « J'ai pas besoin de ça pour dire ce que j'ai à dire au fédéral », a laissé tomber M. Labeaume lors de son passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mercredi dernier.

Montréal et Laval en réflexion, Gatineau appuie

En mars dernier, lors d'une réunion du conseil d'administration, la FCM a proposé d'imposer une cotisation extraordinaire à tous ses membres pour les années 2018 et 2019. Mais autour de la table, l'idée n'a pas reçu l'accueil escompté. Ainsi, la FCM sollicite maintenant les municipalités pour qu'elles lui versent une contribution volontaire.

Ainsi, la FCM demande à Montréal 75 000 $ en plus de la cotisation annuelle de 253 000 $. La Ville de Laval est sollicitée à hauteur de 42 000 $. Aucune de ces villes n'a pris de décision jusqu'à maintenant, alors que le conseil municipal de Gatineau, lui, a unanimement voté le versement de 32 000 $ à la FCM.

À Montréal, on dit analyser quelle pourrait être la plus-value pour la métropole de soutenir financièrement ce fonds électoral, tout en prenant soin de reconnaître l'importance de la FCM et de ses réussites des dernières années, notamment en matière de financement des infrastructures de transport.

« La campagne électorale 2019 sera une campagne très importante pour les municipalités et le pays, en général. Nous avons besoin de plus de ressources destinées à la campagne électorale », explique Brock Carlton, chef de direction de la Fédération canadienne des municipalités.

La Presse a joint M. Carlton à Halifax, où se déroule jusqu'à ce soir le congrès annuel de la FCM. Au coeur des discussions : les priorités du monde municipal en fonction des élections générales canadiennes. Le premier ministre Justin Trudeau a prononcé un discours vendredi, suivi par le chef conservateur Andrew Scheer.

La question du fonds électoral pour faire pression sur les différents partis politiques n'est toutefois pas discutée publiquement. « La plupart des maires trouvent que c'est un enjeu important. Des municipalités sont en train de prendre la décision. Nous avons lancé la campagne de sollicitation il y a seulement deux semaines. On est optimistes », a affirmé M. Carlton.

Alexandre Cusson rappelle de son côté que « l'UMQ sera très présente dans l'élection provinciale [de l'automne] et on n'a pas demandé de contribution spéciale. On a prévu nos budgets en conséquence », tranche-t-il.