À cinq mois des élections municipales, plusieurs équipes tentent de gagner la confiance écorchée des citoyens.

L'enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) concernant l'implication présumée de l'ancien maire Jean-Marc Robitaille et de sa garde rapprochée dans un système frauduleux d'attribution de contrats publics, à Terrebonne, a provoqué un grand remue-ménage politique. À cinq mois du scrutin municipal, des équipes se positionnent pour gagner la confiance écorchée des citoyens.

À l'Alliance démocratique Terrebonne (ADT), qui présentait hier la majorité de son équipe qui briguera les suffrages le 5 novembre, les tourments vécus à l'hôtel de ville ont été à peine effleurés. On a préféré mettre de l'avant les propositions de l'équipe plutôt que de s'étendre sur les soupçons de la police dont on attend les conclusions avec une certaine impatience.

« Mais on parle d'éthique depuis des mois », souligne Marc-André Plante, chef de l'ADT et candidat à la mairie. M. Plante se réjouit d'avoir recruté Réal Brassard, un économiste qui agit comme analyste au Bureau d'intégrité et d'éthique de Laval (BIEL).

« C'est un message clair à la population que nous aurons une administration intègre parce que nous avons une personne qui est un spécialiste qui aura la responsabilité de changer les processus administratifs », insiste M. Plante.

En face de l'ADT, on retrouve Générations Terrebonne - qui est en cours d'autorisation auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) -, le parti du maire par intérim Stéphane Berthe. 

Ce dernier est issu de l'équipe de l'ancienne administration Robitaille dont il a gardé la plupart des membres du cabinet politique (sauf le directeur de cabinet Daniel Bélec, soupçonné d'avoir empoché des pots-de-vin avec le maire Robitaille et le directeur général Luc Papillon).

M. Berthe a recruté deux des membres du Mouvement Citoyens Terrebonne, qui a pourtant réclamé la mise en tutelle de la ville. Le ministère des Affaires municipales a plutôt choisi d'imposer une vigie des opérations (menée par la Vérificatrice générale) pour « rassurer les citoyens sur la probité de l'administration actuellement en poste ».

Le Mouvement Citoyens Terrebonne avait donné naissance à un parti politique en avril dernier, Ici Terrebonne, qui est toutefois mort-né. Selon le DGEQ, il existe encore, mais le processus de dissolution est entamé, a confirmé un de ses dirigeants.

Il y a aussi le parti Action Terrebonne, qui est en place depuis décembre dernier. Il est dirigé par Antoine Hanachian, qui a mordu la poussière en 2013 contre Jean-Marc Robitaille à la mairie. 

M. Hanachian était alors le chef de Renouveau Terrebonne. Son équipe n'est pas connue.

Quant à l'ADT, il s'agit d'un mélange de diverses tendances politiques. Marc-André Plante provient du Parti libéral du Canada, où il a notamment été conseiller de Paul Martin. L'organisateur Yannick Guénette a travaillé avec la Coalition avenir Québec (CAQ) lorsque Gaétan Barrette a tenté sa chance dans Terrebonne avant de faire le saut au Parti libéral du Québec (PLQ). Le directeur des communications est Nicolas Dufour, ancien député du Bloc québécois (2008-2011) et fils de Bob Dufour, organisateur souverainiste de la première heure (Parti québécois et Bloc québécois).

DU CHANGEMENT

Depuis 31 ans, Terrebonne vivait au rythme d'un seul et même parti politique. Ce fut le véhicule utilisé par M. Robitaille pour se hisser au pouvoir jusqu'à la multiplication des perquisitions de l'UPAC l'été dernier, ce qui a entraîné sa démission et laissé voir une possibilité de changement.

Le changement était d'ailleurs le maître mot, hier, à l'assemblée de l'ADT. Les quelque 150 personnes réunies ont chaudement applaudi chaque fois qu'il était prononcé. Ainsi, il a été question de transport collectif (une navette dans le Vieux-Terrebonne et une augmentation du service pour le cégep, où une seule ligne d'autobus se rend), de stationnement sur rue, ce qui est actuellement interdit de novembre à avril, d'infrastructures pour le Vieux-Terrebonne et pour désenclaver le quartier résidentiel connu sous le nom du projet domiciliaire Urbanova, et de la reconstruction de l'usine d'épuration des eaux.

M. Plante a également pris « l'engagement ferme » de maintenir le taux actuel de la taxe foncière, avec un ajustement annuel ne dépassant pas l'indice des prix à la consommation. « Il faut demeurer compétitif », a souligné le candidat à la mairie.

photo archives la presse

Stéphane Berthe, maire par intérim de Terrebonne

Photo André Pichette, Archives La Presse

Jean-Marc Robitaille, ex-maire de Terrebonne