Alors que son projet Énergie Est fait face à une vive résistance du milieu municipal, TransCanada prend le problème à bras-le-corps et embauche un spécialiste des relations avec les communautés, a appris La Presse.

La société albertaine vient de recruter Richard Brosseau à titre de directeur québécois des relations avec les intervenants. Sa principale tâche consistera à bâtir des ponts avec les municipalités et à fournir des réponses aux élus qui expriment des préoccupations face au projet d'oléoduc.

Son nom est peu connu dans les chaumières, mais M. Brosseau a une longue expérience au gouvernement et dans le secteur des hydrocarbures.

Candidat libéral aux élections de 2003, il a été chef de cabinet adjoint de Nathalie Normandeau à l'époque où elle était ministre des Ressources naturelles. Il a aussi été conseiller spécial au cabinet de l'ex-premier ministre Jean Charest durant les derniers mois de son mandat.

À cette époque, il a été impliqué avec Dan Gagnier dans des pourparlers pour le développement de l'île d'Anticosti, selon des documents rendus publics plus tôt cette année.

Depuis son départ du monde politique, il a été directeur des affaires publiques et des relations avec les communautés pour la société Stolt LNGaz, qui pilote un projet d'usine de liquéfaction du gaz naturel à Bécancour. Il a également été consultant pour Enbridge lorsque cette société tentait d'obtenir l'autorisation d'inverser le flux de son pipeline 9B.

L'embauche de M. Brosseau ne remet pas en question l'organigramme de TransCanada au Québec. Louis Bergeron reste vice-président d'Énergie Est dans la province et demeure le porte-parole principal du projet.

Levée de boucliers

L'arrivée de M. Brosseau survient au moment où le projet Énergie Est est confronté à une levée de boucliers dans le monde municipal.

Le maire Denis Coderre a très publiquement pris position contre le projet, en compagnie des 82 maires de la Communauté métropolitaine de Montréal. Comme la plupart de ses homologues, il craint que l'approvisionnement en eau potable de la métropole ne soit compromis advenant une rupture de la conduite, qui doit transporter chaque jour plus d'un million de barils de pétrole brut.

TransCanada s'est également heurtée aux réticences de la MRC de Vaudreuil-Soulanges. La société albertaine lui a demandé un permis afin de prélever des carottes de forage sous le lit de la rivière des Outaouais. Mais cette demande reste lettre morte depuis des mois.

La société albertaine doit aussi composer avec les réserves des élus de la région de Québec. Le maire de Québec, Régis Labeaume, a dit avoir un préjugé favorable pour le projet Énergie Est, mais il a dénoncé l'attitude de TransCanada. Son homologue de Lévis, Gilles Lehouillier, exige que l'entreprise construise trois prises d'eau en amont de son futur oléoduc, au coût de 76 millions.

TransCanada a confirmé l'embauche de M. Brosseau sans en dire davantage. La société a pour politique de ne pas commenter les embauches et les mises à pied qu'elle effectue.