Des parents ont déposé des plaintes devant la Commission des droits de la personne (CDP), alléguant que leurs enfants ont été expulsés d'un organisme qui offre des activités aux enfants handicapés, parce qu'ils sont trop... handicapés.

Selon la mère d'un des enfants, Marie Cayer, 12 familles ont appris par courrier que leur enfant handicapé ne pourrait plus bénéficier des services d'Espace Multisoleil, qui propose notamment des camps de jour d'été, des camps de vacances ou des activités le samedi pour les personnes de 6 à 30 ans vivant avec une «multidéficience».

Axel, le fils de 14 ans de Mme Cayer, est atteint de paralysie cérébrale et participe à ces camps de jour chaque année depuis sept ans. Aucun problème n'a jamais été soulevé, assure-t-elle. «Ces programmes d'activités représentent un véritable baume pour les parents», dit Mme Cayer.

Dans la lettre envoyée aux parents, que La Presse a obtenue, Espace Multisoleil affirme ne plus avoir les «ressources humaines et financières pour assurer la sécurité autant des participants que des employés». Dans son rapport annuel, l'organisme évoque une «capacité d'adaptation à l'alourdissement de la clientèle [qui] a atteint une limite». L'organisme financé en partie par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et par la Ville de Montréal a donc resserré les critères d'admission à ces programmes, révèle la lettre envoyée aux parents.

Marie Cayer affirme avoir constaté que ce sont les enfants les plus lourdement handicapés qui ont ainsi été exclus. Dans sa lettre, l'organisme précise avoir étudié les critères suivants: la condition médicale, l'alimentation, les besoins pour les transferts et les déplacements, le comportement ou la compréhension des consignes.

«Solutions refusées»

Pendant plusieurs mois, certains parents ont tenté de faire reculer Espace Multisoleil. Selon Mme Cayer, elle et trois autres parents ont intégré le conseil d'administration afin de proposer des solutions. «C'est un organisme qu'on aimait beaucoup, et on est conscients que nos enfants représentent un défi, mais toutes nos solutions ont été refusées», soutient-elle. Et de nouveau en janvier dernier, le C.A. s'est prononcé, à cinq contre quatre, contre la réintégration des enfants exclus, ajoute Mme Cayer.

Dénonçant un manque d'ouverture, ces quatre parents ont démissionné en bloc du C.A. en janvier. Les parents de sept enfants expulsés ont par la suite déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, en février.

«Nous savons que les problèmes de l'organisme sont importants, mais surtout multifactoriels: manque de financement, alourdissement général de la clientèle, recrutement ardu, problème de formation, etc., peut-on lire dans la plainte. Cependant, il est injustifiable qu'un organisme, dont le mandat est d'offrir des services spécifiquement à des personnes handicapées, décide de sacrifier les enfants les plus gravement atteints en leur faisant porter la totalité du fardeau des problèmes de l'organisme.»

La Presse a laissé plusieurs messages à deux responsables d'Espace Multisoleil, mais personne ne nous a rappelé. Aucune des allégations des plaignants n'a encore été prouvée.