Les soldats canadiens n'ont pas eu à affronter de nouveaux tirs - ennemis ou amis - en Irak depuis la mort du sergent Andrew Joseph Doiron, mais des ajustements ont été apportés pour éviter qu'une autre tragédie de la sorte ne se reproduise.

Le capitaine de vaisseau Paul Forget a signalé vendredi, lors d'une mise à jour technique sur la mission militaire canadienne, qu'après avoir procédé à une révision «des tactiques et des procédures», des mesures avaient été prises afin d'éviter une répétition d'un drame pareil.

Il n'a pas voulu préciser quels correctifs avaient pu être apportés, et le ministère de la Défense a également refusé de le faire par la suite, citant «des raisons de sécurité opérationnelles».

Le sergent Doiron a été tué le 6 mars par un tir fratricide dans un échange de coups de feu avec les forces kurdes, que les soldats canadiens assistent et conseillent dans le cadre de cette mission contre le groupe armé État islamique (ÉI).

Trois enquêtes distinctes ont été ouvertes sur les circonstances de sa mort, dont l'une de nature technique. Le capitaine Forget n'a pu confirmer, vendredi, si les conclusions de cette investigation seraient dévoilées un jour.

«Je ne sais pas précisément si ce rapport sera rendu public, a-t-il reconnu. Souvent, ces rapports demeurent confidentiels. (...) Il est plus probable qu'une version censurée des résultats soit fournie.»

L'incident qui a coûté la vie au sergent Doiron avait également fait trois blessés. Le capitaine Forget a précisé vendredi que l'un d'entre eux recevait des soins dans un hôpital au Canada tandis que les deux autres avaient repris leurs activités dans le nord de l'Irak.

Car les bombardements se poursuivent sur le terrain. Au cours des dernières heures, les avions de chasse canadiens ont atteint de nouvelles cibles, dont une usine de fabrication d'engins explosifs improvisés de l'ÉI à l'ouest de la ville de Kirkouk, a signalé Paul Forget.

Depuis le début de la mission, les CF-18 de l'armée canadienne ont mené 53 bombardements et effectué 420 sorties, a-t-il souligné, sans vouloir préciser si ces raids avaient fait des victimes dans le camp ennemi.

Les conservateurs doivent déposer en Chambre la semaine prochaine «une proposition pour l'expansion et la prolongation de cette mission», a confirmé mercredi le premier ministre Stephen Harper en marge d'une annonce à Mississauga, dans la région de Toronto.

Il n'a pas exclu que la mission canadienne puisse dépasser les frontières de l'Irak et se transporter en Syrie au besoin, confirmant ainsi les craintes entretenues par le Nouveau Parti démocratique (NPD).

Les troupes canadiennes sont prêtes à relever le défi, a réitéré vendredi le capitaine Forget.

«Le mandat, présentement, est de faire des opérations selon les frontières en Irak, et nous continuons à effectuer des opérations selon le mandat que nous a donné le gouvernement», a-t-il soutenu.

«S'il y a une expansion du mandat, nous sommes prêts (...) peu importe le mandat qui nous sera donné par le gouvernement», a-t-il complété.

Les États-Unis, qui mènent la coalition internationale contre le groupe armé ÉI, bombardent déjà des cibles de l'ÉI en Syrie depuis le mois de septembre.

Le ministère américain de la Défense a d'ailleurs confirmé jeudi que les Américains et les forces de la coalition avaient dernièrement effectué sept bombardements au pays de Bachar el-Assad.

Le débat sur la motion de prolongation de la mission canadienne reprendra au Parlement d'ici quelques jours. L'issue du vote est déjà scellée, les conservateurs étant majoritaires à la Chambre des communes.

Les néo-démocrates et les libéraux avaient voté contre la première proposition, en octobre.

Il semble que le NPD ait déjà fait son nid sur la possibilité d'élargir et de prolonger la mission.

«Au NPD, nous avons voté contre (la mission), et je peux vous garantir qu'encore une fois, nous nous opposerons à toute implication de soldats canadiens dans une guerre qui n'est tout simplement pas la nôtre», a martelé le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, mercredi.

Il reste à voir ce que fera le Parti libéral de Justin Trudeau, qui a dit vouloir étudier la motion proposée par le premier ministre Harper avant de se prononcer.