Avec l'arrivée d'une nouvelle administration à l'hôtel de ville depuis un an, «la Ville est devenue ultra prudente dans le traitement des dossiers et les délais sont pires que jamais».

C'est ce qui ressort d'une étude réalisée l'été dernier et qui a été présentée hier à un parterre de plus de 100 promoteurs immobiliers, courtiers et entrepreneurs conviés par le maire Marc Demers pour inverser la vapeur.  «On a compris que le succès de Laval est aussi le succès de ses entrepreneurs et ses bâtisseurs. Tout ce qui peut être amélioré le sera», a lancé le maire à l'ouverture de la rencontre.

Pendant quatre heures, les participants ont travaillé. Ensemble, ils ont constaté la «paralysie» du développement sur le territoire de Laval, qui a démarré avec la tourmente provoquée par le départ de l'ancien maire Gilles Vaillancourt accusé de fraude et de gangstérisme, mais qui n'a pas cessé avec le changement d'administration. Ensemble, ils ont également décidé d'en sortir en créant un lieu de concertation.

Ainsi, pour assurer la relance de la construction, l'administration Demers met en place un forum permanent de discussions avec les associations d'entrepreneurs. Les modalités de ce comité seront établies avec l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) ainsi que l'Association de la construction du Québec (ACQ) dans les prochains jours.

«Je suis agréablement surpris de l'ouverture d'esprit qui a été démontrée par Laval. Mais je suis réaliste et on va être là pour les suivre à la trace», a indiqué Marc Savard, directeur de l'APCHQ.

LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL

Chez les participants à cette rencontre, on se réjouissait de découvrir que le maire Demers s'intéresse au développement économique en général et au secteur immobilier, en particulier. «On voit la lumière au bout du tunnel.

On vient de passer des années de souffrance à patienter. Sous l'ancienne administration, on m'a déjà approché pour payer. C'est ce qui aurait fait avancer plus vite mes projets. Mais j'ai jamais mangé de ce pain-là», a affirmé à La Presse Gérard Chamberland.

À une autre table, des entrepreneurs partageaient le même optimisme de voir les règles s'appliquer dorénavant à tout le monde. «C'est lent à Laval et c'est pas d'hier. Mais sous Vaillancourt, il y avait des passe-droits pour certains entrepreneurs. On le savait que pour qu'un projet se réalise, il fallait se mettre à genou et payer. Maintenant, ça change. En tout cas, c'est ce que le nouveau maire dit», a affirmé René Rousseau. «Il faut espérer maintenant qu'il va y avoir des gestes concrets. Il ne faut plus qu'un changement de zonage prenne 18 mois à aboutir alors que dans d'autres municipalités, 4 mois suffisent», a commenté le courtier immobilier Yves Monneret.

Pendant que les hommes d'affaires émettaient ce genre de commentaires et débattaient des solutions à mettre en place, les fonctionnaires municipaux et le maire Demers s'étaient retirés de la salle. Dans le hall de l'hôtel où se déroulait l'événement, le maire s'est adressé aux employés pour leur dire que si les critiques sont dures, c'est d'abord à l'endroit de l'organisation. «Je vois surtout ici des gens qui ont été entraînés dans un tourbillon», a-t-il mentionné.

CONSULTATION

Les résultats de la consultation ne laissent pas de place à l'interprétation. Selon les répondants, il y a un manque flagrant de collaboration de la part de la Ville, la réglementation manque de flexibilité et les «processus d'affaires sont perçus comme étant très lourds, complexes et peu proactifs».

Une deuxième étape de ce sondage sera amorcée dans les prochaines semaines afin de tâter le pouls notamment des commerçants, des firmes de génie, des cabinets d'avocats et des entreprises du secteur industriel.

Du côté de l'opposition officielle à l'hôtel de ville, on accuse le maire Demers d'agir dans «la précipitation et l'improvisation».